Physical Education
Bulletin d'Education Physique
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Contents : |
Table des Matières: |
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Chapter XX-XXII - Sri Aurobindo |
Chapitres- XX-XXII- Sri Aurobindo |
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An International University Centre -The Mother |
International
-La Mère |
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CHAPTER XX THE DRIVE TOWARDS ECONOMIC CENTRALISATION
THE objective organisation of a national unity is not yet complete when it has arrived at the possession of a single
central authority and. the unity and uniformity of
its political, military and strictly administrative
functions. There is another side of its organic life, the legislative and its
corollary, the judicial function, which is equally important; the exercise of
legislative power be-comes eventually indeed, although it was not always, the
characteristic sign of the sovereign. Logically, one would suppose that the conscious and organised
determination of its own rules of life should be the first business of a
society from which all others should derive and on which they should be
dependent and therefore it would naturally be the earliest to develop. But life
develops in obedience to its own law and the pressure of forces and not according
to the law and the logic of the self-conscious mind; its first course is determined by the subconscient and is only
secondarily and derivatively self-conscious. The development of human society
has been no exception to the rule; for man, though in the essence of his nature
a mental being, has practically started with a largely mechanical mentality as the
conscious living being. Nature's human animal, and only afterwards can he be
the self-conscious living being, the self-perfecting Manu. That is the course
the individual has to follow; the group-man follows in the wake of the individual and is
always far behind the highest individual development. Therefore, the development
of the society as an organism consciously and entirely legislating for its own
needs, which should be by the logic of reason the first necessary step, is
actually in the logic of life the last and |
CHAPITRE XX LÀ POUSSÉE VERS LÀ CENTRALISATION ÉCONOMIQUE
L'ORGANISATION objective d'une unité nationale n'est pas encore complète quand elle a atteint la possession d'une autorité centrale unique ainsi que l'unité et l'uniformité de ses fonctions politiques, militaires et strictement administratives. Un autre côté de sa vie organique est également important, le côté législatif avec son corollaire, la fonction judiciaire, l'exercice du pouvoir législatif devient en effet finalement le signe caractéristique du souverain, quoiqu'il ne l'ait pas toujours été. Logiquement, on pourrait supposer que la détermination consciente et organisée des propres règles de vie d'une société dût être sa première préoccupation, d'où toutes les autres dériveraient et dont elles dépendraient, et par conséquent qu'elle fût naturellement la première à progresser. Mais la vie se développe en accord avec sa propre loi et avec la pression des forces, et non pas suivant la loi et la logique d'une mentalité consciente d'elle-même. Son cours initial est déterminé par le subconscient et elle n'est au début consciente d'elle-même que de façon secondaire et dérivée. Le développement de la société humaine n'a pas fait exception à cette règle, car, quoique l'homme soit un être mental dans l'essence de sa nature, il a débuté pratiquement avec une mentalité en grande partie mécanique comme l'être vivant doué de conscience, l'animal humain de la Nature, ce n'est qu'ensuite qu'il peut devenir l'être vivant conscient de soi, le Manou se perfectionnant lui-même. Tel est le cours que l'individu doit suivre. L'homme grégaire marche à la suite de l'individu; il est toujours loin derrière le plus haut développement individuel. Par conséquent le développement de la société en |
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carminative step. It enables the society at last to perfect consciously by means of the State the whole organisation of its life, military, political,
administrative, economic, social, cultural. The complete-ness of the process
depends on the completeness of the development by
which the State and society become, as far as that may be,
synonymous.
That is the importance of democracy, that is the importance also of socialism. They are the sign that the
society is getting ready to be an entirely
self-conscious and therefore a freely and consciously
self-regulating organism.1 But it must be
remarked that
modern democracy and modern socialism are only a first
crude and bungling attempt at that consummation, an
inefficient hint and not a freely intelligent realisation. At first, in the early stage of society, there is no such things what we understand by law, the Roman lex; there are only a mass of binding habits, nomoi, mores, dcara, determined by the inner nature of the group-man and according to the action upon it of the forces and the necessities of his environment. They become institute, things that acquire a fixed and formal status, institutions, and crystallise into laws. Moreover, they embrace the whole life of the society; there is no distinction between the political and administrative, the social and the religious law, these not only all meet in one system, but run inextricably into and are determinedly each other. Such was the type of the ancient Jewish law and of the Hindu Shastra which preserved up to recent times this early principle of society in spite of the tendencies of specialisation and separation which have triumphed elsewhere as a result of the normal development of the analytical and practical reason of man-kind. This complex customary law evolved indeed, but by a natural development of the body of social habits in obedience to changing ideas and more and more complex necessities. There was no single and fixed legislative authority to determine them by conscious shaping and selection or in anticipation of popular consent or by direct ideative action upon the general consensus of need and opinion. Kings and prophets and Rishis and Brahmin jurists
1 Fascism, National Socialism have cut out the "freely" in
this formula and set about the task of creating the organised self-regulating consciousness by a violent
regimentation. |
tant que organisme légiférant consciemment et entièrement pour ses propres besoins, développement qui, par la logique de la raison devrait être le premier pas nécessaire, est en fait, par la logique de la vie, le pas dernier et culminant. Il rend à la fin la société capable de perfectionner consciemment, par le moyen de l'Etat, toute l'organisation de sa vie, militaire, politique, administrative, économique, sociale et culturelle. L'achèvement du processus dépend de l'achèvement du développement par lequel l'Etat et la société deviennent synonymes, autant que cela se peut. C'est en cela que réside l'importance de la démocratie, comme aussi celle du socialisme. Tous deux sont le signe que la société se prépare à être un organisme entièrement conscient, et par conséquent librement et consciemment auto-régulateur.1 Mais il faut remarquer que la démocratie et le socialisme modernes ne sont qu'un premier essai fruste et maladroit vers cet accomplissement, une indication ineffective, et non une réalisation librement intelligente. Au début, dans le premier stade de la société, il n'existe rien de ce que nous entendons par loi, la lex romaine; il n'y a qu'une , masse d'habitudes obligatoires, nomoi, mores., ācāra, déterminées i par la nature interne de l'homme grégaire, et selon l'action sur lui i des forces et des nécessités de son entourage. Elles acquièrent un statut fixe et formel, deviennent instituta, des institutions, et se cristallisent en lois. De plus, elles embrassent toute la vie de la société; il n'y a pas de distinction entre la loi politique et l'administrative, la loi sociale et la religieuse. Non seulement elles se joignent ; toutes dans un système unique, mais elles se fondent inextricable ment l'une dans l'autre et se déterminent l'une l'autre. Tel était i le type de l'ancienne loi juive et du Shâstra hindou; ils ont conservé jusqu'à ces derniers temps ce premier principe de la société, en dépit des tendances de spécialisation et de séparation qui ont I triomphé ailleurs comme résultat du développement normal de la raison humaine, analytique et pratique. Ce droit coutumier compliqué a évolué en vérité, mais par un développement naturel
1 Le Fascisme elle National-Socialisme ont supprimé le mot "librement" dans cette formule, et ils se sont donné pour tâche de créer la conscience organisée autorégulatrice par une violente enrégimentation. |
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might exercise such an action according to their power and influence, but none of these were the constituted
legislative sovereign; the king in
It is worth noting, indeed, that this customary
law was often attributed to an original legislator, a
Manu, Moses, Lycurgus; but the
historic truth of any such tradition has been discredited by
modern
inquiry and perhaps rightly, if we consider only the actual
ascertainable
facts and the ordinary process of the human mind and its
development. In fact, if we examine the profound legendary
tradition
of
This rational development consists, as we have
seen, in the |
du corps des habitudes sociales, conformément aux idées changeantes et aux nécessités de plus en plus complexes. Il n'y avait pas d'autorité législative unique et fixe qui les déterminât par une mise en forme et une sélection conscientes, ou par une anticipation de l'assentiment populaire, ou encore par une action directe des idées sur l'ensemble des besoins et de l'opinion. Les rois et les prophètes, les rishis et les juristes brahmanes pouvaient exercer une action de ce genre suivant leur pouvoir et leur influence, mais aucun d'entre eux n'était le souverain législatif constitué. Dans l'Inde le roi était l'administrateur du Dharma et pas du tout le législateur, sauf de façon exceptionnelle et à peine perceptible. À vrai dire, il est bon de remarquer que ce droit coutumier était souvent attribué à un législateur original, un Manou, un Moïse, un Lycurgue; mais la vérité historique de telles traditions a été contestée par l'investigation moderne, et peut-être avec raison, si nous considérons seulement les faits réels vérifiables et le fonctionnement ordinaire de la mentalité humaine et son développement. En fait, si nous examinons la tradition légendaire profonde de l'Inde, nous voyons que son idée du Manou est plus un symbole qu'autre chose. Ce nom signifie l'homme, l'être mental. Il est le législateur divin, le demi-dieu mental dans l'humanité, qui fixe les lignes suivant lesquelles la race ou le peuple doit diriger son évolution. Dans les Pourânas on dit que Manou et ses fils règnent sur des terres ou des mondes subtils; ils règnent pouvons-nous dire, dans la vaste mentalité qui nous est subconsciente, et ils ont de là le pouvoir de déterminer les lignes de développement de la vie consciente de l'homme. La loi de Manou est le Mānava-dharma-shāstra, la science de la règle de conduite de l'être mental ou humain, et dans ce sens, nous pouvons penser que la loi de toute société humaine est l'évolution consciente du type et des lignes que son Manou a fixé pour elle. S'il survient un Manou incarné, un Moïse ou un Mahomet vivant, il n'est que le prophète ou le porte-parole de la Divinité voilée dans les flammes et les nuages, Jéhovah sur le Sinaï, Allah parlant par l'intermédiaire de ses anges. Ainsi que nous le savons, Mahomet ne fit que développer les coutumes sociales, religieuses et administratives qui existaient chez le peuple arabe, en un nouveau système que |
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creation of a central authority,—at first a distinct central force but afterwards more and more conterminous with the society itself or directly representing it,—which gradually takes
over the specialised and separated parts of the
social activity. At first, this authority was the
king, elective or hereditary, in his original character a
war leader and at home only the chief, the head of the elders
or
the strong men and the convener of the nation and the army, a nodus of its action, but
not the principal determinant: in waronly, where
entire centralisation of power is the first condition of effective action, was he entirely supreme. As
host-leader strategos, he was also
imperator, the giver of the absolute command. When he
extended this combination of headship and the rule from
outside inward, he tended to become the executive power, not merely the chief instrument of social
administration but the executive ruler. It was naturally easier for him to become thus supreme in foreign than in internal politics. Even now European governments which have in internal affairs to defer to the popular will or to persuade and cajole the nation, are able in foreign politics to act either entirely or very largely according to their own ideas: for they are allowed to determine their acts by a secret diplomacy in which the people can have no voice and the representatives of the nation have only a general power of criticising or ratifying its results. Their action in foreign politics is nominal or at any rate restricted to a minimum, since they cannot prevent secret arrangements and treaties; even to such as are made early public they can only withhold their ratification at the risk of destroying the sureness and continuity, the necessary uniformity of the external action of the nation and thus destroying too the confidence of foreign governments without which negotiations cannot be conducted nor stable alliances and combinations formed. Nor can they really withhold their sanction in a crisis, whether for war or peace, at the only moment when they are effectively consulted, the last hour or rather the last minute when either has become inevitable. Much more necessarily was this the case in the old monarchies when the king was the maker of war and peace and conducted the external affairs of the country according to his personal idea of the national |
la Divinité dictait à sa mentalité intuitive secrète, souvent quand il était dans un état de trance où il passait de son moi conscient à son moi supraconscient. Tout cela peut être suprarationnel ou, si vous voulez, irrationnel, mais cela représente une étape du développement humain, différente du gouvernement de la société par sa mentalité rationnelle et pratique, qui, dans son contact avec les besoins changeants de la vie et ses nécessités permanentes, exige une loi créée et codifiée, provenant d'une autorité législative fixe: cerveau ou centre organisé de la société. Comme nous l'avons vu, ce développement rationnel consiste dans la création d'une autorité centrale qui prend la charge graduellement des parties spécialisées et séparées de l'activité sociale. C'est d'abord une force centrale distincte, mais ensuite elle est de plus en plus coextensive à la société elle-même ou la représente directement. Au début, cette autorité était le roi, électif ou héréditaire; dans son caractère originel c'était un capitaine de guerre et, au pays, seulement le chef, la tête des anciens ou des hommes forts, celui qui convoque la nation et l'armée, le centre de l'action, mais non pas sa principale force déterminante. Dans la guerre seulement, alors qu'une complète centralisation du pouvoir est la première condition d'une action efficace, il était suprême. En tant que conducteur de troupes, stratèges, il était aussi imperator et avait le commandement absolu. Quand il amplifia, de l'extérieur à l'intérieur, cette combinaison de direction et d'autorité, il tendit à devenir le pouvoir exécutif, non seulement l'instrument principal de l'administration sociale, mais le souverain exécutif. Il fut naturellement plus facile au roi de devenir ainsi suprême en politique étrangère que dans la politique intérieure. Même maintenant certains gouvernements européens qui dans les affaires intérieures ont à se soumettre à la volonté populaire, à persuader et à cajoler la nation, sont à même, en politique étrangère, d'agir entièrement ou principalement suivant leurs propres idées, il leur est permis de décider de leurs actes par une diplomatie secrète, dans laquelle le peuple n'a rien à dire et dont les représentants de la nation n'ont que le pouvoir général de critiquer ou de ratifier les résultats. L'action de ces représentants en politique étrangère, |
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interests, largely affected by his own passions, predilections and personal and family interests. But
whatever the attendant disadvantages, the conduct of
war and peace and foreign politics as well as the
conduct of the host in the field of battle had at least been
centralised,
unified in the sovereign authority. The demand for real
parliamentary control of foreign policy and even for an open
diplomacy—a
difficult matter to our current notions, yet once practised
and perfectly capable of practice—indicates one more step in
the
transformation, far from complete in spite of the modern
boast of
democracy, from a monarchical and oligarchic to a democratic
system,
the taking over of all sovereign functions from the one
sovereign
administrator or the few dominant executive men by the
society
as a whole organised in the democratic State.
In its seizure of the internal
functioning's
the central authority has a more difficult task,
because its absorption of them or of their chief
control has to reckon with powerful competing or modifying
forces
and interests and the strength of established and often
cherished
national habits and existing rights and privileges. But it is
bound in the end to arrive at some unified control of those
which are
in their nature executive and administrative. This
administrative
side of the national organisation has three principal
parts, financial, executive
proper and judicial. The financial power carries with
it the control of the public purse and the expenditure of the
wealth
contributed by the society for national purposes, and it is
evident
that this must pass into the hands of whatever authority has
taken up the business of organising and making
efficient the united action of the community. But that
authority in its impulse towards an undivided and
uncontrolled gestation, a complete unification of
powers must naturally desire not only to determine the
expenditure according to its own free will, but to determine
also
the contributions of the society to the public purse both in its amount and in its repartition over the individuals and
classes who constitute the nation. Monarchy in its
impulse towards a despotic centrality has always
sought to engross and struggled to retain this power,
for the control over the purse of the nation is the most
important
sign and the most effective element of real sovereignty, more essential perhaps than the control over life
and limb. In the |
est nominale ou, en tous cas, réduite à un minimum, puisqu'ils ne peuvent pas empêcher les arrangements et les traités secrets; à ceux-là même qui sont rendus publics de bonne heure, ils ne peuvent que refuser leur ratification, au risque de détruire la sûreté, la continuité et l'uniformité nécessaire de l'action extérieure de la nation, et, par là, de détruire en même temps la confiance des gouvernements étrangers, sans laquelle les négociations ne peuvent être conduites, les alliances et les combinaisons stables ne peuvent être formées. Ils ne peuvent pas davantage refuser réellement leur sanction dans une crise, que ce soit pour la guerre ou pour la paix, au seul moment où ils sont effectivement consultés, à la dernière heure ou plutôt à la dernière minute, quand l'une ou l'autre est devenue inévitable. Tel était le cas, encore plus nécessairement, sous les anciennes monarchies, quand le roi était celui qui fait la guerre ou la paix, et qu'il conduisait les affaires extérieures du pays suivant son idée personnelle des intérêts nationaux, affectés dans une large mesure par ses propres passions, ses prédilections et ses intérêts personnels et familiaux. Mais quels qu'en fussent les désavantages concomitants, la conduite de la guerre et de la paix et celle de la politique étrangère, aussi bien que la conduite des troupes sur le champ de bataille, avaient été au moins centralisées et unifiées dans l'autorité souveraine. L'exigence d'un contrôle parlementaire réel en politique étrangère et même d'une diplomatie ouverte, chose difficile pour nos notions courantes quoiqu'elle ait été déjà pratiquée et qu'elle soit parfaitement faisable, indique un pas de plus vers la transformation,—loin d'être achevée en dépit de la vanterie moderne de la démocratie,—d'un système monarchique et oligarchique en un système démocratique, elle marque la prise en charge par la société en tant que tout organisé en Etat démocratique, de toutes les fonctions souveraines de l'unique administrateur souverain ou du petit nombre d'agents exécutifs principaux. Dans sa mainmise sur les fonctions internes, l'autorité centrale a une tâche plus difficile, parce qu'en les absorbant, elles ou leurs principaux leviers de commande, elle doit compter avec la rivalité ou l'intervention de forces et d'intérêts puissants ainsi qu'avec la résistance d'habitudes nationales invétérées, souvent chères |
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most despotic regimes, this control is absolute and extends to the power of confiscation and despoliation otherwise than by
judicial procedure. On the other hand, a ruler who has
to bargain with his subjects over the amount of their
contribution and the methods of taxation,
is at once hedged in in his sovereignty and is not in
fact the sole and entire sovereign. A vital power is
in the hands of an inferior estate of the realm and
can be turned against him fatally in any struggle for
the shifting of the sovereignty from him to that estate. That
is the reason why the supreme political instinct of the
English people
fixed, in the struggle with the monarchy, upon this question
of
taxation as the first vital point in a conflict for the power of the purse. Once that was settled in the Parliament by the
defeat of the Stuarts, the transformation of the
monarchical sovereignty into the sovereignty of the
people or, more accurately, the shifting of the organic
control from the throne to the aristocracy, thence to the
bourgeoisie,
and again to the whole people,—the latter two steps, one still incomplete, comprising the rapid evolution
of the last eighty years,—was only a question of time.
In France, the success-full practical absorption of
this control was the strength of the monarchy; it was
its inability to manage with justice and economy the
public purse, its unwillingness to tax the enormous riches of
the
aristocracy and clergy as against the crushing taxation on
the people
and the consequent necessity of deferring again to the nation
which provided the opportunity for the Revolution. In
advanced
modern countries we have a controlling authority which claims
at least to represent more or less perfectly the whole nation;
individuals and classes have to submit because there
is no
appeal from the will of the whole society. But even so, it is questions, not of taxation, but of the proper organisation and administration of
the economic life of the society which are preparing
the revolutions of the future. |
au peuple, et avec des droits et des privilèges établis. Mais elle est sûre d'arriver à la fin à une certaine maîtrise unifiée des fonctions qui par leur nature sont exécutives et administratives. Ce côté administratif de l'organisation nationale a trois parties principales: financière, exécutive proprement dite, et judiciaire. Le pouvoir financier comprend la haute main sur les finances publiques et l'emploi des biens destinés par la société à des fins nationales; il est évident que ce pouvoir doit passer entre les mains de toute autorité ayant entrepris d'organiser et de rendre efficace l'action unifiée de la communauté. Mais, dans son impulsion vers une gestion sans partage et sans contrôle, vers une complète unification des pouvoirs, il est naturel que cette autorité désire fixer à son propre gré non seulement les dépenses, mais aussi la contribution de la société aux finances publiques, à la fois dans sa quantité et dans sa répartition entre les individus et les classes qui constituent la nation. La monarchie, dans sa tendance vers une centralité despotique, a toujours essayé d'accaparer ce pouvoir et de lutter pour le conserver; car la maîtrise des finances de la nation est le signe le plus important et l'élément le plus effectif de la souveraineté réelle, plus essentiel peut-être que le droit de vie et de mort. Dans les régimes les plus despotiques, cette maîtrise est absolue et s'étend au droit de confiscation et de spoliation, sans recours à une procédure judiciaire. D'un autre côté, un souverain qui doit marchander avec ses sujets sur le montant de leur contribution et les méthodes d'imposition est immédiatement borné dans sa souveraineté. Il n'est pas, en fait, le seul et total souverain; un pouvoir essentiel est entre les mains d'un ' ordre inférieur du régime et peut être tourné contre le souverain de façon fatale dans tout conflit accompagnant le transfert de la ' souveraineté de lui à cet ordre. C'est pourquoi l'instinct politique supérieur du peuple anglais se fixa, dans son opposition à la I monarchie, sur la question des impôts, comme premier point vital dans la lutte pour le pouvoir financier. Dès que cela fut réglé par la défaite des Stuarts au Parlement, le changement de la souveraineté monarchique en souveraineté populaire ou plus exactement, la transmission du pouvoir fondamental, du trône à l'aristocratie, puis à la bourgeoisie et enfin au peuple entier ne |
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CHAPTER XXI
THE DRIVE TOWARDS LEGISLATIVE AND SOCIAL CENTRALISATION AND UNIFORMITY
THE gathering of the essential powers of administration into-"the hands of the sovereign is completed when there
is unity
and uniformity of judicial administration,—especially of the
criminal
side; for this is intimately connected with the maintenance
of
order and internal peace. And it is, besides, necessary for
the ruler
to have the criminal judicial authority in his hands so that he may use it to crush all rebellion against himself as
treason and even, so far as may be possible, to stifle
criticism and opposition and penalise that free
thought and free speech which, by their continual seeking
for a more perfect social principle and their subtle or
direct encouragement
to progress, are so dangerous to established powers and
institutions, so subversive of the dominant thing in being by
their
drive towards a better thing in becoming. Unity of
jurisdiction, the power to constitute tribunals, to appoint, salary and
re-move judges and the right to determine offences and their punishments
comprise on the criminal side the whole judicial power of the
sovereign. A similar unity of jurisdiction, power to
constitute tribunals
administering the civil law and the right to modify the laws
relating to property, marriage and other social matters which
concern
the public order of society, comprise its civil side.
But the unity and uniformity of the civil law is of
less pressing and immediate importance to the State
when it is substituting itself for the natural organic
society; it is not so directly essential as an instrument. Therefore it is the criminal jurisdiction
which is first absorbed in a greater or less entirety.
Originally, all these powers belonged to the
organic society and were put into force mainly by
various natural devices of a loose and entirely
customary character, such as the Indian panchayet
or village jury, the jurisdiction of guilds or other natural
associations,
the judicial power of the assembly or convocations of-the citizens as in the
various Roman comitia or large and unwieldy
juries chosen by lot or otherwise as in Rome and Athens, |
fut plus qu'une question de temps; les deux dernières étapes couvrant la rapide évolution des derniers quatre-vingts ans. En France, c'est d'avoir réussi en fait à absorber ce pouvoir qui fit la force de la monarchie. Ce fut son incapacité d'administrer avec justice et économie les deniers publics, sa mauvaise grâce à imposer les richesses énormes de l'aristocratie et du clergé, en contraste avec les impôts qui écrasaient le peuple et, en conséquence, la nécessité de s'adresser encore à la nation, qui furent l'occasion de la Révolution. Dans les pays modernes évolués, nous avons une autorité dirigeante, qui prétend tout au moins représenter plus ou moins parfaitement la nation dans sa totalité; les individus et les classes doivent se soumettre, car il n'y a aucun recours contre la volonté de la société tout entière. Mais même ainsi, ce sont encore des questions, non plus d'impôts, mais d'organisation et d'administration convenables de la vie économique de la société, qui préparent les révolutions de l'avenir.
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and only to a minor extent by the judicial action of the king or elders in their administrative capacity. Human societies,
therefore, in their earlier development retained for a
long time an aspect of great complexity in their
judicial administration and neither possessed nor
felt any need of a uniformity of jurisdiction or of acentralised
unity in the source of judicial authority. But as theState
idea develops, this unity and uniformity must arrive. It accomplishes
itself at first by the gathering up of all these various
jurisdictions
with the king as at once the source of their sanctions and
a high court of appeal and the possessor of original powers,
which are exercised sometimes as in ancient India by judicial process
but sometimes in more autocratic polities by ukase—the latter
especially
on the criminal side, in the awarding of punishments
and more
particularly punishments for offences against the person of
the
king or the authority of the State. Against this tendency to
unification
and State authority there militates often a religious sense
in the community which attaches as in most countries of the
East
a sacrosanct character to its laws and customs and tends to
keep
the king or State in bounds; the ruler is accepted as the ad-ministration of justice, but he is supposed to be strictly
bound by the law of which he is not the fountain but
the channel. Sometimes this religious sense develops a
theocratical element in the society, a Church with its separate ecclesiastical authority
and jurisdiction, a Shasta
in the keeping of Brahmin jurists, a law entrusted to the
Ulemas.
Where the religious sense maintains its predominance, a solution is found by the association of Brahmin
jurists with the king or with the judge appointed by
him in every State tribunal and by maintenance of the
supreme authority of the Pundits Roukema's in all moot
judicial questions. Where, as in Europe, the political
instinct is stronger than the religious, the ecclesiastical
jurisdiction
comes in time to be subordinated to the State's and finally
disappears. Thus eventually the State or the monarchy—that great instrument of the transition from the organic to the rational society—becomes the head of the law as well as the embodiment of public order and efficiency. The danger of subordinating the judiciary entirely to an executive possessed at all of arbitrary and irresponsible |
CHAPITRE XXI
LÀ POUSSÉE VERS LÀ CENTRALISATION ET L'UNIFORMITÉ LÉGISLATIVES ET SOCIALES
LE rassemblement des pouvoirs essentiels de l'administration entre les mains du souverain est complet quand l'unité et l'uniformité de l'administration judiciaire sont accomplies, spécialement dans le domaine criminel; car ceci est en rapport immédiat avec le maintien de l'ordre et de la paix intérieure. Et de plus, il est nécessaire que le souverain ait l'autorité sur la justice criminelle, afin de pouvoir s'en servir pour écraser comme trahison toute rébellion contre lui-même et même, autant que cela se peut, pour étouffer la critique et l'opposition, et sévir contre cette pensée libre, cette parole libre qui, par leur constante recherche d'un plus parfait principe social et leur encouragement, direct ou subtil, au progrès, sont si dangereuses pour les pouvoirs et les institutions établis, si 'Subversives de l'ordre dominant qui est, par leur poussée vers l'ordre meilleur qui sera. L'unité de juridiction, le pouvoir de constituer des tribunaux, de nommer, de payer et de révoquer les juges, et le droit de décider des délits, des crimes et de leurs sanctions, constituent du côté criminel tout le pouvoir judiciaire du souverain. Une semblable unité de juridiction, le pouvoir de constituer des tribunaux administrant la justice civile, et le droit de modifier les lois relatives à la propriété, au mariage et aux autres affaires sociales touchant à l'ordre public, forment son côté civil. Mais l'unité et l'uniformité de la justice civile sont d'une importance moins pressante et moins immédiate pour l'Etat, quand il se substitue à la société organique naturelle; en tant que instrument, la justice civile n'est pas si directement essentielle. Il en résulte que la juridiction criminelle est la première à être absorbée plus ou moins complètement. À l'origine, tous ces pouvoirs appartenaient à la société organique; ils étaient mis en vigueur surtout par des moyens naturels variés, d'un caractère vague et entièrement coutumier, tels que le panchâyat indien, ou jury de village, la juridiction des corporations |
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powers is obvious; but it is only in England—the one country always where liberty has been valued as of equal
importance with order and not considered a lesser
necessity or no necessity at all—that there was a
successful attempt from an early period to limit the
judicial power of the State. This was done partly by the firm
tradition of the independence of the tribunals supported by
the
complete security of the judges, once appointed, in their
position
and emoluments and partly by the institution of the jury
system. Much room was left for oppression and injustice, as
in
all human institutions social or political, but the object
was roughly
attained. Other countries, it may be noted, have adopted the
jury system but, more dominated by the instinct of order and
system,
have left the judiciary under the control of the executive.
This,
however, is not so serious a defect where the executive not
only
represents but is appointed and controlled by the society as
where
it is independent of public control.
"Uniformity of the law develops on different
lines from the unity and uniformity of judicial
administration. In its beginnings, law
is always customary and where it is freely customary, where,
that
is to say, it merely expresses the social habits of the
people, it
must, except in small societies, naturally lead to or permit considerable variety of custom. In India, any sect or even
any family was permitted to develop variations of the
religious and civil custom which the general law of
the society was bound within vague limits to accept,
and this freedom is still part of the theory of Hindu law,
although now in practice it is very difficult to get any new
departure
recognised. This spontaneous freedom of variation is the surviving sign of a former natural or organic life of
society as opposed to an intellectually ordered, rationalised or mechanised living.
The organic group-life fixed its general lines and particular
divergences
by the general sense and instinct or intuition of the group-life
rather than by the stricter structure of the reason. The first marked sign of a rational evolution is the tendency of code and constitution to prevail over custom. But still there are codes and codes. For first there are systems that are un-written or only partly written and do not throw themselves into the strict code form, but are a floating mass of laws, decreta, precedents, |
ou d'autres associations naturelles, le pouvoir judiciaire de l'assemblée ou de la réunion des citoyens, comme dans les comitia variés de Rome, ou certains grands jurys peu maniables, tirés au sort ou choisis autrement, comme à Rome et à Athènes,—et seulement dans une moindre mesure par l'action judiciaire du roi ou des anciens dans leur capacité administrative. Par suite les sociétés humaines, dans leur premier développement, gardent pendant longtemps un aspect de grande complexité dans leur administration judiciaire; elles ne possèdent pas d'uniformité de juridiction ni d'unité centralisée dans la source de l'autorité judiciaire, et elles n'en sentent pas non plus le besoin. Mais à mesure que l'idée d'Etat se développe, cette unité et cette uniformité doivent se produire. Au début, elles s'accomplissent par le rassemblement de toutes les juridictions variées, ayant le roi à la fois comme source des sanctions, comme haute cour d'appel, et comme possesseur de pouvoirs originaux, parfois exercés, comme dans l'Inde ancienne, par une procédure judiciaire, mais parfois aussi, dans des régimes plus autocratiques, par ukase. Ce dernier procédé se rencontre particulièrement dans la section criminelle pour le choix des châtiments, plus spécialement pour punir les crimes contre la personne du roi ou contre l'autorité de l'Etat. Cette tendance à l'unification et à l'autorité de l'Etat est souvent combattue dans la communauté par un sens religieux, qui attache, comme dans la plupart des pays d'Orient, un caractère sacrosaint aux lois et aux coutumes, et tend à maintenir dans des bornes le roi ou l'Etat. Le souverain est accepté en tant que administrateur de la justice, mais il est censé être strictement limité par la loi, il n'en est pas la source, mais seulement le canal. Parfois ce sens religieux développe dans la société un élément théocratique, une Église possédant une autorité et une juridiction ecclésiastiques séparées, un Shâstra sous la garde de juristes brahmanes, une loi confiée aux ulémas. Là où le sens religieux conserve sa prédominance, la solution est trouvée dans l'association des juristes brahmanes avec le roi, ou avec le juge nommé par lui dans chaque tribunal d'Etat, et par le maintien de l'autorité suprême des pandits et des ulémas dans toutes les questions judiciaires sujettes à controverses. Là où, comme en Europe, l'instinct politique est plus fort que le religieux, la juridiction |
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and admit still of a large amount of merely
customary law. And again there are systems that do take
the strict code form, like the Hindu Shastra, but are really only an ossification of custom and help to stereotype the life of the society but not to rationalise it. Finally, there are
those deliberately ordered codes which are an attempt
at intelligent systematisation, a sovereign authority
fixes the cadres of the law and admits from
time to time changes that are intelligent
accommodations to new needs, variations that do not disturb
but merely modify and develop the intelligent unity and
reasonable
fixity of the system. The coming to perfection of this last
type is the triumph of the narrower but more self-conscious
and
self-helpful rational over the larger but vaguer and more help-less
life-instinct in the society. When it has arrived at this
triumph of
a perfectly self-conscious and systematically rational
determination
and arrangement of its life on one side by a fixed and
uniform constitution,
on the other by a uniform and intelligently structural civil
and criminal law, the society is ready for the second stage
of its
development. It can undertake the self-conscious, uniform
ordering
of its whole life in the light of the reason which is the
principle
of modern socialism and has been the drift of all the Utopias
of the thinkers.
But before we can arrive at this stage, the great
question must be settled, who
is to be the State? Is the embodiment of the intellect,
will and conscience of the society to be a king and his
counsellors
or a theocratic, autocratic or plutocratic governing class or
a
body which shall at least seem to stand sufficiently for the whole society, or is it to be a compromise between some or
all of these possibilities ? The whole course of constitutional history has turned upon this question and to all appearance wavered
obscurely between various possibilities, but in reality, we
can see that through-out there has been acting the pressure of a necessity
which travelled indeed through the monarchical,
aristocratic and other stages, but had to debouch in
the end in a democratic form of government. The king
in his attempt to be the State—an attempt imposed on him
by the impulse of his evolution—must try indeed to become the
fountain
as well as the head of the law; he must seek to engross the
legislative
as well as the administrative functions of the society, its |
ecclésiastique se subordonne à la longue à celle de l'Etat et finalement disparaît. Ainsi, en définitive, l'Etat ou la monarchie, ce grand instrument de transition de la société organique à la société rationnelle, devient la tête de la loi aussi bien que l'incarnation de l'efficacité et de l'ordre publics. Il y a un danger évident à subordonner entièrement le judiciaire à un exécutif possédant, si peu que ce soit, des pouvoirs arbitraires et irresponsables, mais c'est seulement en Angleterre, le seul pays où la liberté ait toujours été appréciée comme d'une importance égale à l'ordre, et non considérée d'une nécessité moindre ou même nulle, qu'a réussi la tentative de limiter de bonne heure le pouvoir judiciaire de l'Etat. Ceci fut obtenu en partie par la solide tradition de l'indépendance des tribunaux, soutenue par la complète sécurité des juges, une fois nommés, •dans leur position et leurs émoluments, et en partie par l'institution du jury. Il restait beaucoup de place pour l'oppression et l'injustice, comme dans toutes les institutions humaines, politiques et sociales, mais le but était atteint dans ses grandes lignes. On peut noter que, d'autres pays ont adopté le jury, mais dominés davantage par un instinct d'ordre et de système, ils ont laissé le judiciaire sous l'autorité de l'exécutif. Ceci, cependant, n'est pas un défaut tellement grave lorsque l'exécutif non seulement représente la société, mais est nommé et contrôlé par elle, il l'est davantage lorsque l'exécutif est indépendant du contrôle public. L'uniformité du droit se développe suivant diverses lignes en partant de l'unité et de l'uniformité de l'administration judiciaire. À ses débuts le droit est toujours coutumier, et partout où il est librement coutumier, c'est-à-dire là où il exprime seulement les habitudes sociales du peuple, il doit naturellement, excepté dans de petites sociétés, mener à une variété considérable de coutumes, ou la permettre. Dans l'Inde, chaque secte ou même chaque famille était autorisée à développer des variantes dans la coutume religieuse ou civile que la loi générale de la société était tenue d'accepter dans de vagues limites; cette liberté fait encore partie en théorie du droit hindou, quoique maintenant en pratique il soit très difficile de faire reconnaître aucune nouveauté. Cette 'liberté spontanée de variation est ce qui persiste d'une ancienne |
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side of efficient thought as well as its side of efficient
action. But even in so doing he was only preparing the
way for the democratic State.
The king, his council military and civil, the
priesthood and the assembly of freemen converting
itself for the purposes of war into the host, were
perhaps everywhere, but certainly in the Aryan races,
the elements with which the self-conscious evolution of
society
began: they represent the three orders of the free nation in
its
early and elementary form with the king as the keystone of
the structure.
The king may get rid of the power of the priesthood, he may reduce his council to an instrument of his
will or the nobility which they represent to a
political and military support for his actions, but
until he has got rid of the assembly or is no longer obliged
to convoke it,—like the French monarchy with its States-General summoned only
once or twice in the course of centuries and under the
pressure of great difficulties,—he cannot be the chief, much
less the sole legislative authority. Even if he leaves the
practical
work of legislation to a non-political, a judicial body like the French Parliaments, he is bound to find there a centre
of resistance. Therefore the disappearance of the
assembly or the power of the monarch to convoke it or
not at his pleasure is always the real mark of his
absolutism. But when he has got rid of or subordinated
to himself all the other powers of the social life, there at
that
point of his highest success his failure begins, the
monarchical system
has fulfilled its positive part in the social evolution and
all that
is left to it is either to hold the State together until it has trans-formed
itself or else to provoke by oppression the movement towards
the sovereignty of the people.
The reason is that in engrossing the legislative
power the monarchy has exceeded the right law of its
being, it has gone beyond its dharma, it has undertaken
functions which it cannot healthily and effectively fulfil. Administration is simply the regulation of the outward life of the people, the ordered maintenance
of the external activities of its developed or
developing being, and the king may well be their
regulator; he may well fulfil the
function which
the Indian polity assigned to him, the upholder of the
"dharma".
But legislation, social development, culture, religion, |
vie naturelle ou organique de la société, en opposition à une existence organisée intellectuellement, rationalisée ou mécanisée. La vie organique de groupe fixait ses lignes générales et ses divergences particulières par son sens et son instinct collectifs ou par son intuition propre, plutôt que par l'opération plus rigoureuse de la raison. Le premier signe défini d'une évolution rationnelle est la tendance du code et de la constitution à prévaloir sur la coutume. Encore y a-t-il codes et codes. Car, d'abord, il existe des systèmes qui ne sont point écrits ou qui ne le sont que partiellement et ne se laissent pas mettre dans la forme rigide d'un code; ils sont formés d'une masse flottante de lois, décréta, de précédents et ils comportent encore beaucoup de lois purement coutumières. D'autre part, il existe des systèmes qui prennent la forme rigide d'un code, comme le Shâstra hindou, mais qui ne sont en réalité qu'une ossification de la coutume; ils aident à stéréotyper la vie de la société, mais non à la rationaliser. Enfin, il y a ces codes ordonnés délibérément qui sont un essai de systématisation intelligente. Une autorité souveraine fixe les cadres de la loi, et admet de temps en temps des changements; ce sont des accommodements intelligents à de nouveaux besoins, des variations qui ne dérangent pas l'unité intelligente et la fixité raisonnable du système, mais qui seulement les modifient et les développent. L'approche de la perfection dans ce dernier type est le triomphe de la raison, plus étroite mais aussi plus consciente et plus industrieuse, sur l'instinct de vie de la société, plus vaste, mais aussi plus vague et de moins de ressources. La société est prête pour la seconde étape de son développement quand elle a atteint ce triomphe d'une fixation et d'un arrangement de sa vie, parfaitement conscients et systématiquement rationnels, d'un côté par une constitution fixe et uniforme, de l'autre par un droit civil et criminel, uniforme et de structure intelligente. Elle peut alors entreprendre l'ordonnance consciente et uniforme de sa vie entière à la lumière de la raison, ce qui est le principe du socialisme moderne et a été la tendance générale de toutes les utopies des penseurs. Mais avant que nous puissions arriver à cette étape, une |
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even the determination of the economic life of the
people are out-side his proper sphere; they constitute the expression of the life, the thought, the soul of the society which, if he is a
strong personality in touch with the spirit of the
age, he may help to influence but which he cannot determine.
They constitute the national dharma,—we must use the
Indian word which alone is capable of expressing the
whole idea; for our dharma means the law of our nature
and it means also its formulated expression. Only the society
itself can determine the development of its own dharma or
can formulate its expression; and if this is to be done not in the old way by a naturally organic and intuitive
development, but by a self-conscious regulation
through the organised national
reason and
will, then a governing body must be created which will more
or
less adequately represent, if it cannot quite embody, the
reason and
will of the whole society. A governing class, aristocracy or
intelligent
theocracy may represent, not indeed this but some vigorous
or noble part of the national reason and will; but even that
can
only be a stage of development towards a democratic State.
Certainly,
democracy as it is now practised is not the last or penultimate stage; for it is often merely democratic in
appearance and even at the best amounts to the rule of
the majority and works by
the vicious method of party
government, defects the increasing perception of which
enters largely into the present-day dissatisfaction
with parliamentary systems. Even a perfect democracy isn't
likely to be the last stage of social evolution, but it is still the necessary broad standing-ground upon which the self-consciousness of the social being can come to its own.1
Democracy and Socialism are, as we have already said,
the sign that that self-consciousness is beginning to
ripen into fullness.
Legislation may seem at first sight to be
something external, simply a
form for the administration, not part of the intimate grain
of
the social life like its economic forms, its religion, its
education and
culture. It so appears because in the past polity of the
1 It does not follow that a true democracy must
necessarily come into being at some time. For man
individually or collectively to come to a full self-consciousness is a most difficult tangle. Before a true democracy can be
established, the process is likely to be overtaken by
a prematurely socialistic endeavour. |
grande question reste à décider, qui doit être l'Etat? Est-ce que l'incarnation de l'intelligence, de la volonté et de la conscience de la société sera un roi avec ses conseillers, ou une classe gouvernante théocratique, autocratique ou ploutocratique, ou un corps qui au moins semblera suffisamment représentatif de l'ensemble de la société, ou sera-ce un compromis entre quelques-unes de ces possibilités, ou entre toutes? Le cours entier de l'histoire constitutionnelle a tourné autour de cette question; selon les apparences il a oscillé obscurément entre des possibilités variées. En réalité pourtant nous pouvons observer tout au long la pression d'une nécessité qui a bien traversé les étapes monarchique, aristocratique et les autres, mais qui finalement devait aboutir à ; une forme démocratique de gouvernement. Le roi, dans sa tentative de devenir l'Etat, tentative qui lui est imposée par l'élan de l'évolution, devait en vérité essayer de devenir la source aussi bien que la tête de la loi; il devait chercher à s'emparer des fonctions législatives de la société aussi bien que des administratives, de sa part de pensée compétente, aussi bien que de sa part d'action compétente. Mais même ainsi, il ne faisait que préparer la voie à l'Etat démocratique. Le roi, son conseil militaire et civil, le clergé, et l'assemblée des citoyens, se convertissant en troupe armée pour les besoins de la guerre, furent, peut-être partout, mais certainement dans les races aryennes, les éléments avec lesquels l'évolution consciente de la société commença: ils représentent les trois ordres de la nation libre dans sa forme première et élémentaire, avec le roi comme clef de voûte de l'édifice. Le roi peut se débarrasser du pouvoir du clergé, il peut réduire son conseil à un instrument de sa volonté, ou la noblesse que le conseil représente à un soutien politique et militaire de ses actes; mais il ne peut pas être la principale autorité législative, encore bien moins la seule, avant qu'il ne se soit débarrassé de l'assemblée ou de l'obligation de la convoquer, comme le fit la monarchie française avec ses Etats Généraux, convoqués seulement une ou deux fois au cours des siècles et encore sous la pression de grandes difficultés. Même s'il laisse le travail pratique de la législation à un corps judiciaire non politique, comme l'ont été les parlements français, il est sûr de trouver en |
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European nations it has not been like oriental
legislation or Shastra all-embracing, but has confined
itself until recently to politics and constitutional
law, the principles and process of administration and so
much only of social and economic legislation as was barely
necessary
for the security of property and the maintenance of public
order.
All this, it might seem, might well fall within the province
of
the king and be discharged by him with as much efficiency as
by
a democratic government. But it is not so in reality, as
history bears
witness; the king is an inefficient legislator and unmixed
aristocracies
are not much better. For the laws and institutions of a
society are the framework it builds for its life and its
dharma. When
it begins to determine these for itself by a self-conscious
action
of its reason and will within whatever limits, it has taken
the first
step in a movement which must inevitably end in an attempt to
regulate self-consciously its whole social and cultural life, it must, as its self-consciousness increases, drive towards
the endeavour to realise
something like the Utopia of the thinker. For the
Utopian thinker is the individual mind forerunning in its
turn of
thought the trend which the social mind must eventually take.
But as no individual thinker can determine in
thought by his arbitrary reason the evolution of the rational
self-conscious society, so no executive individual or
succession of executive individuals can determine it
in fact by his or their arbitrary power. It is evident that
he cannot determine the whole social life of the nation, it
is much
too large for him, no society would bear the heavy hand of an
arbitrary individual on its whole social living. He cannot
determine
the economic life, that too is much too large for him; he can only watch over it and help it in this or that
direction where help is needed. He cannot determine
the religious life, though that attempt has been made;
it is too deep for him; for religion is the spiritual
and ethical life of the individual, the relations of his soul
with
God and the intimate dealings of his will and character with
other
individuals, and no monarch or governing class, not even a
theocracy or priesthood, can really substitute itself for the soul of the individual or for the soul of a nation. Nor can
he determine the national culture; he can only in
great flowering times of that culture help by his
protection in fixing for it the turn which by its |
celui-ci un centre de résistance. Par conséquent la disparition de l'assemblée ou la faculté pour le monarque de la convoquer ou non selon son bon plaisir, est toujours le vrai signe de son absolutisme. Mais lorsqu'il s'est débarrassé de tous les autres pouvoirs de la vie sociale ou qu'il se les ait subordonnés, c'est alors là, à ce point de son plus haut succès, que son échec commence. Le système monarchique a rempli son rôle positif dans l'évolution sociale, et tout ce qui lui reste à faire jusqu'à sa propre transformation, est d'assurer la cohésion de l'Etat, ou bien de provoquer par l'oppression le mouvement vers la souveraineté du peuple. La raison en est qu'en s'emparant du pouvoir législatif, la monarchie a dépassé la vraie loi de son être; elle est allée au-delà de son dharma, elle s'est chargée de fonctions qu'elle ne peut pas remplir sainement et effectivement. L'administration est simplement la réglementation de la vie extérieure du peuple, le maintien organisé des activités externes de son être développé ou en cours de développement, et le roi peut bien être leur régulateur; il peut parfaitement remplir la fonction que la forme indienne de gouvernement lui assignait, de gardien du "dharma". Mais la législation, le développement social, la culture, la religion, même la détermination de la vie économique sont en dehors de sa sphère propre; ils constituent l'expression de la vie, de la pensée, de l'âme de la société. Le roi peut aider à les influencer, s'il a une forte personnalité en contact avec l'esprit de l'époque, mais il ne peut les déterminer; ils constituent le dharma national,—nous devons employer le mot indien qui est seul capable d'exprimer l'idée entière: notre dharma signifie la loi de notre nature et aussi son expression formulée. Seule la société peut déterminer le développement de son propre dharma, ou peut formuler son expression; si elle doit le faire, non pas de la vieille manière, par un développement naturellement organique et intuitif, mais par une réglementation consciente au moyen de la raison et de la volonté nationales organisées, alors un corps gouvernant doit être créé, qui représentera plus ou moins convenablement la raison et la volonté de la société entière, s'il ne peut l'incarner complètement. Une classe gouvernante, aristocratie ou théocratie intelligente, peut représenter non pas en vérité la totalité, mais une partie vigoureuse et noble, de la |
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own force .of tendency it was already taking. To attempt more is an irrational attempt which cannot lead
to the development of a rational society. He
can only support the attempt by autocratic oppression
which leads in the end to the feebleness and stagnation of
the society, and justify it by some mystical falsity about
the divine
right of kings or monarchy a peculiarly divine institution.
Even
exceptional rulers, a Charlemagne, an Augustus, a Napoleon, a Chandragupta, Asoka or Akbar, can do no more
than fix certain new institutions which the time
needed, and help the emergence of its best or else its
strongest tendencies in a critical era. When they attempt more, they fail.
Amber's
effort to create a new dharma for the Indian nation by
his enlightened reason was a brilliant futility. Asoka's
edicts remain graven upon pillar and rock, but the development
of Indian religion and culture took its own line in other and
far more complex directions determined by the soul of a great
people.
Only the rare individual Manu, Avatar or prophet who comes
on earth perhaps once in a millennium can speak truly of his
divine
right, for the secret of his force is not political but
spiritual. For
an ordinary political ruling man or a political institution to have made such a claim was one of the most amazing among the
many follies of the human mind.
Yet the attempt itself, and apart from its false
justifications and practical failure, was inevitable,
fruitful and a necessary step in social evolution. It
was inevitable because this transitional instrument
represented the first idea of the human reason and will,
seizing on
the group-life to fashion, mould and arrange it according to its own pleasure and power and intelligent choice, to govern
nature in the human mass as it has already learned
partly to govern it in the human individual. And since
the mass is unenlightened and incapable of such an
intelligent effort, who can do this for it, if not the
capable individual or a body of intelligent and capable individuals?
That is the whole rationale of absolutism, aristocracy and
theocracy.
Its idea is false or only a half-truth or temporary truth, because the real business of the advanced class or
individual is progressively to enlighten and train
the whole body consciously to do for itself its own
work and not eternally to do things for it.1 But
1 It is not meant that in a perfect society there would be no
place for the monarchical, aristocratic or theocratic elements; but there these
would fulfil their natural function
in a conscious body, not maintain 'and propel an unconscious mass,
|
raison et de la volonté nationales, mais même ainsi, cela ne peut être qu'une étape du développement vers un Etat démocratique. Certainement la démocratie telle, qu'elle est pratiquée maintenant n'est pas la dernière étape, ni même l'avant-dernière. Souvent, elle n'est démocratique qu'en apparence, même au mieux, elle équivaut à la domination par la majorité et opère par la méthode défectueuse d'un gouvernement de parti. La perception croissante de ces défauts est pour beaucoup dans le mécontentement actuel à l'égard des systèmes parlementaires. Il est même très probable qu'une démocratie parfaite ne sera pas la dernière étape de l'évolution sociale; elle est tout de même la large plateforme sur laquelle peut s'appuyer la conscience de l'être social pour entrer en possession d'elle-même.1 La démocratie et le socialisme sont, ainsi que nous l'avons déjà dit, le signe que cette conscience commence à atteindre sa plénitude. À première vue la législation peut sembler quelque chose d'extérieur, une simple forme pour l'administration, ne faisant pas partie de la texture intime de la vie sociale au même titre que ses formes économiques, sa religion, son éducation et sa culture. Cela paraît ainsi parce que dans l'ancien régime politique des nations européennes, elle n'a pas, comme la législation orientale ou Shâstra. tout embrassé; elle s'est restreinte jusqu'à une époque récente à la politique et au droit constitutionnel, aux principes et aux méthodes le l'administration et à ce qui, de la législation sociale et économique, était tout juste nécessaire pour assurer la sécurité de la propriété et maintenir l'ordre public. Il semblerait que tout ceci puisse bien rentrer dans les attributions du roi, être accompli par ni avec autant de compétence que par un gouvernement démocratique. Mais en réalité il n'en est point ainsi, comme l'histoire en témoigne ; le roi est un législateur inefficace et les aristocraties sans mélange ne valent guère mieux. Car les lois et les institutions sont le cadre qu'une société construit pour sa vie et son dharma.
1 Il ne s'en suit pas que la vraie démocratie doive nécessairement voir le jour à un moment donné. Pour l'homme, individuel ou collectif, le chemin menant à la pleine conscience de soi est un labyrinthe inextricable. Avant qu'une vraie démocratie puisse s'établir, son développement sera très probablement dépassé par une tentative prématurée de socialisme. |
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the idea had to take its course and the will in
the idea—for every idea has in itself a mastering will
for self-fulfilment,—had
necessarily
to attempt its own extreme. The difficulty was that the ruling
man or class could take up the more mechanical part of the
life of
society, but all that represented its more intimate being
eluded their
grasp, they could not lay hands on its soul. Still, unless
they could
do so, they must remain unfulfilled in their trend and in-secure in their
possession, since at any time they might be replaced by
more adequate powers that must inevitably rise up from the
larger
mind of humanity to oust them and occupy their throne.
Two principal devices alone seemed adequate and
have been employed in all such attempts at complete
mastery. One was chiefly negative; it worked by an
oppression on the life and soul of the community, a
more or less complete inhibition of its freedom of
thought, speech, association, individual and associated action,—often attended
by the most abominable methods of inquisition and
interference
and pressure on the most sacred relations and liberties of
man the individual and social being,— and an encouragement
and
patronage of only such thought and culture and activities as
accepted,
flattered and helped the governing absolutism. Another was
positive; it consisted in getting a control over the religion of the society and calling in the priest as the spiritual
helper of the king. For in natural societies and in
those which, even if partly intellectualised, still
cling to the natural principles of our being, religion,
if it is not the whole life, yet watches over and powerfully
influences
and moulds the whole life of the individual and society, as
it did till recent times in India and to a great extent in all Asiatic countries. State religions are an expression of this
endeavour. But a State religion is an artificial
monstrosity, although a national religion may well be
a living reality; but even that, if it is not to formalise
and kill in the end the religious spirit or prevent spiritual
expansion,
has to be tolerant, self-adaptive, flexible, a mirror of the
deeper
soul of the society. Both these devices, however seemingly
successful
for a time, are foredoomed to failure, failure by revolt of |
Quand elle commence à les fixer par elle-même, si peu que ce soit, par une consciente action de sa raison et de sa volonté, elle fait le premier pas dans une direction qui doit aboutir inévitablement à un essai de réglementer consciemment toute sa vie sociale et culturelle. Elle doit être poussée, à mesure que sa conscience croît, à tenter de réaliser quelque chose comme l'Utopie du penseur. Car chez le penseur utopique, la pensée individuelle annonce par sa tournure la direction que doit prendre finalement la pensée sociale. Mais, de même qu'aucun penseur individuel ne peut décider en pensée, avec sa raison arbitraire, de l'évolution d'une société consciente rationnelle, de même aucun agent exécutif, aucune succession d'agents exécutifs, ne peut en décider de fait par son pouvoir arbitraire. Il est évident qu'un tel agent ne peut pas décider de toute la vie sociale d'une nation, elle est beaucoup trop vaste pour lui; aucune société ne tolérerait que la lourde main d'un individu arbitraire pèse sur la totalité de son existence sociale. Il ne peut décider de la vie économique, elle aussi beaucoup trop vaste pour lui; il ne peut que la surveiller et l'aider dans une direction ou dans l'autre, quand le besoin s'en fait sentir. Il ne peut décider de la vie religieuse, quoique cette tentative ait été faite; elle est trop profonde pour lui, car la religion est la vie spirituelle et éthique de l'individu, les relations de son âme avec Dieu, et les rapports intimes de sa volonté et de son caractère avec les autres individus; et aucun monarque, aucune classe gouvernante, même pas une théocratie ou un clergé, ne peut vraiment se substituer à l'âme de l'individu ou à l'âme de la nation. Il ne peut non plus décider de la culture nationale; il peut seulement aux grandes époques d'épanouissement de cette culture, aider par sa protection, en fixant le tour qu'elle était déjà en train de prendre par la force de sa tendance propre. Essayer davantage est une tentative irrationnelle et ne peut mener au développement d'une société rationnelle. L'agent exécutif peut seulement appuyer cette tentative par une oppression autocratique qui conduit à la fin à l'affaiblissement et à la stagnation de la société, et la justifier par quelque fiction mystique telle que le droit divin des rois ou la monarchie, institution particulièrement divine. Même les souverains exceptionnels, un |
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the oppressed social being or failure by its decay, weakness
and death or life in death. Stagnation and weakness
such as in the end overtook Greece, Rome, the Mussulman nations, China, India, or else a saving spiritual, social and political revolution are the
only issues of absolutism. Still it was an inevitable
stage of human development, an
experiment that could not fail to be made. It was also
fruitful in
spite of its failure and even by reason of it, for the
absolutist monarchical
and aristocratic State was the father of the modern idea
of the absolutist socialistic State which seems now to be in
process
of birth. It was, for all its vices, a necessary step because
only
so could the clear idea of an intelligently self-governing
society firmly
evolve.
For what king or aristocracy could not do the democratic State may, perhaps with a better chance of
success and a greater security, attempt and bring
nearer to fruition,—the conscious and organised unity,
the regularised efficiency on uniform and intelligent principles, the rational order and
self-governed perfectioning of a developed society.
That is the idea and, however imperfectly,
the
attempt of modern life, and this attempt has been the whole
rationale
of modern progress. Unity and uniformity are its principal
trend; for how else are the incalculable complexities
of the vast and profound thing we call life to be
taken hold of, dominated, made
calculable and manageable by a logical intelligence and
unified will?
Socialism is the complete expression of this idea. Uniformity
of
the social and economic principles and processes that govern the collectivity secured by means of a fundamental equality
of all, and the management of the whole social and
economic life in all its parts by the State;
uniformity of culture by the process of a State education
organised upon scientific lines; to regularise and maintain the
whole a unified, uniform and perfectly organised
government and administration that will represent
and act for the whole social being, this is the modern
Utopia which in one form or another it is hoped to
turn, in spite of all extant obstacles and opposite
tendencies, into a living reality. Human science will,
it seems, replace the large and obscure processes of
Nature and bring about perfection or at least some
approach to perfection in the collective human life.
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Charlemagne, un Auguste, un Napoléon, un Chandragoupta, Asoka ou Akbar, ne peuvent rien' de plus que fixer certaines institutions nouvelles que l'époque rendait nécessaires, et aider dans une période critique à l'apparition des tendances, sinon les meilleures du moins les plus fortes. Quand ils tentent davantage, ils échouent. L'effort que fit Akbar de créer, avec sa raison éclairée, un nouveau dharma pour la nation indienne, fut une brillante futilité. Les édits Asoka restent gravés sur les piliers et les rochers, mais le développement de la religion et de la culture indiennes suivit sa propre ligne dans d'autres directions, bien plus complexes, déterminées par l'âme d'un grand peuple. Seul le rare individu, Manou, Avatar ou prophète, qui paraît sur terre peut-être une fois dans un millénaire, peut parler avec vérité de son droit divin, car le secret de sa force n'est pas politique, mais spirituel. Qu'un souverain politique ordinaire ou qu'une institution politique ait émis une semblable prétention, est une des plus ahurissantes parmi les nombreuses folies de l'esprit humain. Cependant, la tentative elle-même, en dehors de ses justifications fausses et de son échec pratique, fut inévitable et féconde; c'était un pas nécessaire dans l'évolution sociale. Elle était inévitable, parce que cet instrument de transition représentait la première idée de la raison et de la volonté humaines, s'emparant de la vie de groupe pour la façonner, la mouler et l'ordonner selon leur plaisir, leur pouvoir et leur choix intelligent, afin de maîtriser la nature dans la masse humaine, comme elles avaient déjà partiellement appris à la maîtriser dans l'individu humain. Et puisque la masse n'est pas éclairée ni capable d'un semblable effort intelligent, qui donc peut le faire pour elle, sinon l'individu qui en est capable, ou un corps d'individus intelligents et capables? Ceci est tout le fondement de l'absolutisme, de l'aristocratie et de la théocratie. L'idée est fausse, ou n'est qu'une demi-vérité ou une vérité temporaire, parce que la tâche réelle de la classe ou de l'individu évolué, est d'éclairer et d'éduquer progressivement le corps tout entier pour qu'il fasse lui-même consciemment son propre travail, et non pas de faire éternellement tout pour lui.1 Mais l'idée devait suivre
1 Ceci ne veut pas dire que dans une société parfaite, il n'y ait pas de place pour les éléments monarchiques, aristocratiques ou théocratiques. Mais là, ils rempliraient leurs fonctions naturelles dans un corps conscient; ils n'auraient pas à soutenir et à pousser une masse inconsciente. |
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son cours, et la volonté dans l'idée,—car chaque idée porte en elle-même une volonté maîtresse d'accomplissement,—devait nécessairement aller jusqu'à l'extrême de sa tentative. Le souverain ou la classe dirigeante pouvaient prendre en mains la partie la plus mécanique de la vie de la société; la difficulté était que tout ce qui représente son existence plus intime échappait à leur emprise: ils ne pouvaient se saisir de son âme. Cependant, à moins de pouvoir le faire, ils ne sauraient accomplir leur objectif et assurer, leur possession, puisque à tout moment, ils peuvent être remplacés par des pouvoirs plus compétents, qui se lèveront immanquable ment dans la mentalité plus vaste de l'humanité pour les évincer et occuper leur trône. Seuls deux moyens principaux ont semblé adéquats et ont été employés dans toutes ces tentatives de complète maîtrise. L'un était surtout négatif, il agissait par l'oppression de la vie et de l'âme de la communauté, par une inhibition plus ou moins totale de sa liberté de pensée, de parole, d'association, d'action individuelle ou groupée, souvent avec l'accompagnement des plus abominables méthodes d'inquisition, d'ingérence et de pression sur les relations et les libertés les plus sacrées de l'homme, l'être individuel et social; en même temps il encourageait et protégeait seulement la pensée, la culture et les activités qui acceptaient, flattaient et aidaient l'absolutisme gouvernant. L'autre moyen était positif; il consistait à obtenir la maîtrise de la religion de la société, à appeler le prêtre comme aide spirituel du roi. Car dans les sociétés naturelles et dans celles qui, même partiellement intellectualisées, restent encore attachées aux principes naturels de notre être, la religion, si elle n'est pas toute la vie, veille pourtant sur toute la vie de l'individu et de la société, l'influence et la moule puissamment; elle agissait ainsi encore récemment dans l'Inde et en grande partie dans .toutes les contrées asiatiques. Les religions d'Etat sont une expression de cet effort. Mais une religion d'Etat est une monstruosité artificielle, quoiqu'une religion nationale puisse être une réalité vivante; pourtant, même dans ce cas, elle doit être tolérante, adaptative, flexible, un miroir de |
l'âme profonde de la société, si elle ne veut rendre conventionnel .et tuer à la fin l'esprit religieux ou empêcher l'expansion spirituelle. Ces deux moyens, même s'ils semblent réussir pour un certain temps, sont voués à l'échec, échec par la révolte de l'être social opprimé, ou échec par la décadence, la faiblesse et la mort, ou tout au moins par la mort vivante. Les seuls aboutissements de l'absolutisme sont la stagnation et la faiblesse, de la nature de celles qui frappèrent à la fin la Grèce, Rome, les nations musulmanes, la Chine et l'Inde, ou bien une révolution salvatrice, spirituelle, politique et sociale. Cependant l'absolutisme fut une étape inévitable dans le développement humain, une expérience qui ne pouvait manquer d'être faite. Il fut aussi fécond, en dépit de son échec, et même à cause de lui, car l'Etat absolutiste monarchique et aristocratique a été le père de l'idée moderne de l'Etat absolutiste socialiste qui semble à présent en voie de naître. Il fut, en dépit de tous ses vices, un pas nécessaire, parce que c'est seulement ainsi que pouvait se développer solidement l'idée claire d'une société se gouvernant elle-même intelligemment. En effet, ce que le roi et l'aristocratie ne réussirent pas à faire, l'Etat démocratique pourra, peut-être avec une meilleure chance de succès et une plus grande sécurité, l'essayer et l'amener plus près de la maturité: l'unité consciente et organisée, l'efficacité réglementée sur des principes uniformes et intelligents, l'ordre rationnel et le perfectionnement d'une société développée se gouvernant elle-même. C'est à réaliser cette idée sous-jacente que s'essaie, si imparfaitement que ce soit, la vie moderne, et cet essai est tout le fondement du progrès moderne. L'unité et l'uniformité en constituent la tendance principale; car autrement, comment l'intelligence logique et la volonté unifiée peuvent-elles , saisir, dominer et rendre calculables et maniables, les incalculables complexités de cette chose vaste et profonde que nous appelons , vie? Le socialisme est l'expression complète de cette idée. Assurer l'uniformité des principes et des fonctionnements sociaux : économiques qui gouvernent la collectivité, au moyen de ,'égalité fondamentale de tous et de la conduite par l'Etat de la vie aie et économique en entier et dans toutes ses parties, assurer l'uniformité de la culture au moyen d'une éducation d'Etat organisée |
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sur des lignes scientifiques;
et, pour régulariser et maintenir
le tout, un gouvernement et une administration unifies, uniformes et
parfaitement organises, qui
représenteront 1'etre social tout
entier
et agiront pour lui; telle est
l'utopie
moderne que 1'onespere convertir, sous une forme ou
une autre et en dépit de tous les obstacles existants
et de toutes les tendances opposées, en une vivante réalité. La science humaine, parait-il, remplacera les fonctionnements vastes et obscurs de la Nature, et accomplira
la perfection, ou tout au moins une approche
de la perfection, dans la vie humaine
collective. _____
CHAPTER XXII
WORLD-UNION OR WORLD-STATE
THIS, then, in principle is the history of the
growth of the State. It is a history of strict
unification by the development of a central authority
and of a growing uniformity in administration,
legislation, social and economic life and culture and the
chief
means of culture, education and language. In all, the central
authority
becomes more and more the determining and regulating power.
The process culminates by the transformation of this
governing
sole authority or sovereign power from the rule of the
central
executive man or the capable class into that of a body whose
proposed
function is to represent the thought and will of the whole
community.
The change represents in principle an evolution from a
natural and organic to a rational and mechanically organised
state of society. An intelligent centralised
unification aiming at a perfect rational efficiency
replaces a loose and natural unity whose efficiency is
that of life developing with a certain spontaneity its organs
and powers under the pressure of inner impulse and the needs
of the environment and the first conditions of existence, A rational, ordered, strict uniformity replaces a
loose oneness full of natural complexities and
variations. The intelligent will of the whole society
expressed in a carefully thought-out law and ordered |
CHAPITRE XXII
UNION MONDIALE OU ÉTAT MONDIAL
TELLE est donc, en principe, l'histoire de la croissance de l'Etat. C'est l'histoire d'une unification rigoureuse par le développement d'une autorité centrale, et d'une uniformité croissante dans l'administration, la législation, la vie sociale et économique ainsi que dans la culture et les principaux instruments de la culture, l'éducation et le langage. Dans tout ceci, l'autorité centrale devient de plus en plus le pouvoir qui décide et dirige. Le processus aboutit à la transmission de cette autorité gouvernante unique et de ce pouvoir souverain, qui passent des mains d'une personnalité centrale exécutive ou de celles d'une classe compétente dans les mains d'un corps constitué dont la fonction prévue est de représenter la pensée et la volonté de toute la communauté. En principe, le changement représente l'évolution d'un état social naturel et organique vers un état social rationnel et organisé mécaniquement. Une unification centralisée intelligente, visant à une efficacité rationnelle parfaite, remplace une unité fluide et naturelle dont l'efficacité est celle de la vie, qui développe avec une certaine spontanéité ses organes et ses pouvoirs sous la pression d'une impulsion intérieure et sous celle des besoins de l'entourage et des conditions premières de l'existence. Une ; uniformité rationnelle, ordonnée, stricte, remplace une vague limité, pleine de complexités et de variations naturelles. La ; volonté intelligente de la société tout entière, exprimée par une , loi soigneusement élaborée et une réglementation ordonnée, l. remplace sa volonté organique naturelle, qui s'exprimait par une , masse de coutumes et d'institutions ayant grandi conformément là sa nature et à son tempérament. Dans la perfection dernière de l'Etat, un mécanisme producteur et régulateur, soigneusement combiné et finalement gigantesque, remplace la vigueur et la fertilité de la vie, la naturelle simplicité de ses grandes lignes et la complexité obscure, confuse et luxuriante de ses détails. L'Etat, c'est la science et la raison de l'homme, impérieuses, mais arbitraires et intolérantes, qui réussissent à prendre la place des |
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regulation replaces its natural organic will expressed in a mass of customs and institutions which have grown up as the
result of its nature and temperament. In the last
perfection of the State, a carefully devised, in the
end a giant machinery productive and regulative,
replaces the vigour and fertility of life with the natural simplicity of its great lines and the obscure,
confused, luxuriant complexity of its details. The
State is the masterful but arbitrary and intolerant science
and reason of man that successfully takes the place of
the intuitions and evolutionary experimentations of Nature;
intelligent organisation replaces natural organism.
The unity of the human race by political and administrative means implies eventually the formation and organisation of a single World-State out of a newly created,
though still loose, natural organic unity of mankind.
For the natural organic unity already exists, a unity
of life, of involuntary association, of a closely
interdependent existence of the constituent parts in
which the life and movements of one affect the life of the
others
in a way which would have been impossible a hundred years ago.
Continent has no longer a separate life from continent; no
nation
can any longer isolate itself at will and live a separate
existence.
Science, commerce and rapid communications have produced
a state of things in which the disparate masses of humanity,
once living to themselves, have drawn together by a process
of subtle unification into a single mass which has already a
common vital and is rapidly forming a common mental
existence. A
great precipitating and transforming shock was needed which
should
make this subtle organic unity manifest and reveal the
necessity
and create the will for a closer and organised union and this shock came with the Great War. The idea of a World-State or world-union has been born not only in the
speculating fore-casting mind of the thinker, but in the consciousness of humanity out of the very necessity of this new common
existence.
The World-State must now either be brought about
by a mutual understanding or by the force of
circumstances and a•series of new and disastrous
shocks. For the old still-prevailing order
of things was founded on circumstances and conditions which
no longer exist. A new order is demanded by the new |
intuitions et des expériences évolutionnaires de la Nature; l'organisation intelligente remplace l'organisme naturel. L'unité de l'espèce humaine, réalisée par des moyens politiques et administratifs, implique finalement la formation et l'organisation d'un Etat mondial unique basé sur l'unité organique naturelle nouvellement créée, mais encore vague, de l'humanité. Car l'unité organique naturelle existe déjà, une unité de vie, d'association involontaire, d'existence étroitement solidaire des parties constituantes, où la vie et le mouvement de l'une affectent la vie de l'autre d'une manière qui eût été impossible il y a seulement cent ans. Un continent n'a plus de vie séparée d'un autre continent; aucune nation ne peut plus s'isoler à volonté et vivre une existence indépendante. La science, le commerce et les communications rapides ont produit un état de choses où les fractions disparates de l'humanité, qui vivaient autrefois pour elles-mêmes, ont été rapprochées par un processus d'unification subtil; elles se sont jointes en une seule masse, qui a déjà une existence vitale commune et qui se construit rapidement une existence mentale commune. Un grand choc, accélérateur et transformateur, était nécessaire, qui rende manifeste cette subtile unité organique, qui révèle la nécessité d'une union organisée plus étroite et en crée la volonté; ce choc s'est produit avec la Grande Guerre. Par suite de la nécessité même d'une nouvelle existence commune, l'idée d'un Etat mondial ou d'une Union mondiale est née, non seulement dans l'esprit spéculatif et prophétique des penseurs, mais dans la conscience même de l'humanité. L'Etat mondial doit maintenant être créé, soit par accord mutuel, soit par la force des circonstances et par une nouvelle prie de chocs désastreux. L'ancien ordre de choses qui prévaut encore était basé sur des circonstances et des conditions qui n'existent plus. Un nouvel ordre est exigé par les nouvelles conditions, et tant qu'il n'est pas créé, on passera par une ère de transition, faite des troubles continus, des désordres renouvelés, des crises inévitables, par lesquels la Nature travaille, de la manière violente qui est la sienne, à mettre en oeuvre la nécessité qu'elle a suscitée. Ce processus pourra causer un maximum de |
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conditions and, so long as it is not created,
there will be a transitional era of continued
trouble or recurrent disorders, inevitable crises
through which Nature will effect in her own violent way the
working
out of the necessity which she has evolved. There maybe in the process a
maximum of loss and suffering through the clash of
national and imperial egoisms or else a minimum, if reason
and goodwill prevail. To that reason two alternative
possibilities
and therefore two ideals present themselves, a
World-State founded upon the principle of centralisation
and uniformity, a mechanical and formal unity, or a
world-union founded upon the principle of liberty and
variation in a free and intelligent unity. These two ideas and possibilities we have successively to consider.
THREE CONDITIONS
A work that has earth's progress as its goal Cannot be begun unless it has the
sanction and the help from the Divine.
"It cannot endure unless there is a constant
material growth fulfilling the will in Nature. It cannot be destroyed before it has fulfilled its purpose unless destruction comes through the bad will of man who then serves as an instrument of forces hostile to the Divine, seeking to delay as much as possible His manifestation and the earth's transformation.
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pertes et de souffrances, par suite du choc des égoïsmes nationaux et impériaux, ou bien un minimum, si la raison et la bonne volonté prévalent. À la raison se présentent deux possibilités éventuelles et par conséquent deux idéaux: un Etat mondial, fondé sur le principe de centralisation et d'uniformité, donc une unité mécanique et formelle,—ou une Union mondiale, fondée sur le principe de liberté et de variation dans une unité libre et intelligente. Nous avons à considérer successivement ces deux idées et ces deux possibilités. LES TROIS CONDITIONS
Une œuvre ayant pour but le progrès terrestre ne peut être commencée qu'avec le consentement et l'aide du Divin. Elle ne peut durer que par une croissance matérielle continue donnant ainsi satisfaction à la volonté de la Nature. Elle ne peut être prématurément détruite que par l'effet de la mauvaise volonté humaine qui, dans ce cas, sert d'instrument aux forces hostiles au Divin s'efforçant de retarder autant qu'il se peut Sa manifestation et la transformation terrestre.
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Un Centre Universitaire International
V LES QUATRE AUSTÉRITÉS ET LES QUATRE LIBÉRATIONS
(2)
LORSQU'IL est question d'austérité mentale, cela suggère immédiatement les longues méditations aboutissant au contrôle de la pensée et couronnées par le silence intérieur. Cet aspect de la discipline yoguique est trop connu pour qu'ils soit nécessaire de s'étendre sur le sujet. Mais il en est un autre dont on s'occupe moins en général, c'est le contrôle de la parole, À très peu d'exceptions près, seul le silence absolu est opposé au libre bavardage. Pourtant, il y a une austérité beaucoup plus grande et plus féconde dans le contrôle de la parole que dans son abolition. Sur terre, l'homme est le premier animal qui puisse se servir de sons articulés. Il en est très fier d'ailleurs et utilise cette capacité sans mesure ni discernement. Le monde est assourdi du bruit de ses paroles, et parfois l'on est tenté de regretter le silence harmonieux du règne végétal. C'est d'ailleurs un fait bien connu que moins est grand le pouvoir mental, plus est nécessaire l'emploi de la parole. Ainsi, il est des gens primitifs et sans instruction qui ne peuvent pas du tout penser, à moins qu'ils ne parlent, et on peut les entendre marmotter des sons, à voix plus ou moins basse. Car c'est leur seul moyen de suivre une pensée qui ne se formulerait pas en eux sans les mots prononcés. Il y a aussi un grand nombre de gens, même parmi ceux qui ont reçu de l'instruction mais dont le pouvoir mental est faible, |
An International University Centre
(V)
THE FOUR AUSTERITIES AND THE FOUR LIBERATIONS
(2)
WHEN we speak of mental austerity, the thing immediately ' ' suggested is long meditations leading to control of thought and finally to inner silence as the crown. This aspect of Yogic discipline is too well-known to need dwelling upon it at length. But there is another aspect with which people are generally less concerned: it is the control of speech. Apart from a very few exceptions, it is absolute silence that is put against unbridled talkativeness. Yet it is a much greater and more fruitful austerity to control one's speech than to abolish it altogether. Man is the first animal upon earth to be able to use the articulate sound. He is indeed proud of it and exercises the capacity without measure or discrimination. The world is deafened with the noise of his speech and at times you almost) seem to miss ~] the harmonious silence of the vegetable kingdom. It is besides a well-known fact that the less the mental power the greater is the need for speech. There are, for example, primitive people, people with no education, who cannot think at all unless they talk. You can hear them muttering words in a more or less low voice. For it is the only means they have to follow the train of their thought which would not be formulated in them without the spoken word. There are also a large number of people and even among the educated those with weak mental power who do not know what they have to say except in the course of saying it. That |
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qui ne savent ce qu'ils veulent dire qu'à mesure qu'ils le disent Cela rend leurs discours interminables et fastidieux. Car à mesure qu'ils parlent, leur pensée devient plus claire et plus précise, et ainsi ils sont obligés de répéter la même chose plusieurs fois afin de la dire de plus en plus exactement. Il y a ceux qui doivent préparer à l'avance ce qu'ils auront à dire, et qui bafouillent s'ils sont obligés de parler à l'improviste, parce qu'ils n'ont pas eu le temps d'élaborer progressivement les termes exacts de ce qu'ils veulent dire. Il y a enfin les orateurs nés qui ont la maîtrise de l'élocution ils trouvent spontanément tous les mots nécessaires pour dire ce qu'ils veulent dire, et ils le disent bien. Tout cela, pourtant, du point de vue de l'austérité mentale, ne sort pas de la catégorie des bavardages. Car j'appelle bavardage tous les mots prononcés sans qu'ils soient absolument indispensables. Comment en juger? dira-t-on. Pour cela, il faut d'abord classer d'une façon générale les différentes catégories de paroles prononcées. Nous avons d'abord dans le domaine physique, tous les mots dits pour des raisons matérielles. Ce sont de beaucoup les plus nombreux, et dans la vie ordinaire, très probablement aussi les plus utiles. Le constant bourdonnement des paroles semble l'accompagnement indispensable des besognes quotidiennes. Pourtant dès qu'on s'exerce à réduire le bruit au minimum, on s'aperçoit que maintes choses se font mieux et plus vite dans le silence, et que cela aide à garder la paix intérieure et la concentration. Si vous n'êtes pas seul et que vous viviez avec d'autres, prenez l'habitude de ne pas vous extérioriser constamment en paroles prononcées à haute voix, et vous vous apercevrez que peu à peu une compréhension intérieure s'établit entre vous et les autres; vous pourrez alors communiquer entre vous en réduisant les mots au minimum, ou même sans mots du tout. Ce silence extérieur est très favorable à la paix intérieure, et avec de la bonne volonté et de la constance dans l'aspiration, vous pourrez créer une ambiance harmonieuse très propice au progrès. Dans la vie en commun, aux mots concernant l'existence a et les |
makes their talk interminable and tedious. But while they speak, their thoughts get more and more clear and precise: and this impels them to repeat the same thing over and over again in order to be able to say it more and more exactly. There are some who need preparing beforehand what they have to say; they falter if they are to speak on the spur of the moment, since they had not the time to work out step by step the exact terms of what they meant to say. Lastly, there are the born orators who are masters of elocution, they spontaneously find the words needed to say what they mean and they say it well. All that, however, from the point of view of mental austerity, does not fall outside the category of talkativeness. For by talkativeness I mean uttering any word that is not absolutely indispensable. How to judge, one may ask? For that, we have to classify in a general way all the categories of the spoken word. First, we have in the physical domain all words uttered for a material reason. They are by far the most numerous and in ordinary life very probably the most useful. The constant buzz of words seems to be the indispensable accompaniment of the daily routine work. Yet if you just endeavour to reduce the noise to a minimum, you begin to see that many things are done better and quicker in silence and this helps also to maintain the inner peace and concentration. If you are not alone and you live with others, cultivate the habit not to throw yourself out constantly into spoken words, you will see little by little that an inner understanding has been established between you and the others; you will then be able to communicate with each other with the minimum speech or no speech at all. This outer silence is very favourable to inner peace and if you have good will and constant aspiration you will be able to create an atmosphere conducive to progress. In a common life with others, to words concerning livelihood and material preoccupations, are to be added also those that express sensations, feelings and emotions. It is here that the habit of external silence comes as a precious help. For when you are assailed by a wave of sensation or feeling, it is this habit of |
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occupations matérielles, viendront s'ajouter ceux exprimant les sensations, les sentiments, les émotions. C'est ici que l'habitude du silence extérieur s'avère une aide précieuse. Car lorsqu'on est assailli par une vague de sensations ou de sentiments, ce silence habituel vous donne le temps de réfléchir et, si c'est nécessaire, de vous ressaisir avant de projeter en mots la sensation ou le sentiment éprouvé. Combien de querelles peuvent ainsi être évitées. Combien de fois on sera sauvé d'une de ces catastrophes psychologiques qui ne sont que trop souvent le résultat d'une incontinence verbale. Sans aller jusqu'à cet extrême, il faut toujours contrôler les mots que l'on prononce et ne jamais laisser la langue être mue par un mouvement de colère, de violence ou d'emportement. Ce n'est pas seulement la querelle qui est mauvaise dans ses résultats; c'est le fait de prêter sa bouche pour que des vibrations mauvaises soient projetées dans l'atmosphère, car rien n'est plus contagieux que les vibrations du son et en donnant à ces mouvements occasion de s'exprimer on les perpétue en soi et chez les autres. Il faut classer aussi parmi les plus indésirables des bavardages, tout ce qui est dit concernant les autres. À moins que vous ne soyez responsable de certaines personnes, en tant que gardien, instructeur ou chef de service, ce que les autres font ou ne font pas ne vous regarde d'aucune manière et il faut vous abstenir de parler d'eux, de donner votre opinion sur eux et sur ce qu'ils font, ou bien de répéter ce que les autres peuvent en penser et en dire. Il se peut que par la nature même de votre occupation, ce soit votre devoir de faire un rapport sur ce qui se passe dans un service dans une entreprise, dans un travail en commun. Mais alors le rapport doit être limité à ce qui concerne le travail seul et ne pas toucher aux choses privées. Et d'une façon absolue il doit être tout à fait objectif. Vous ne devez permettre à aucune réaction personnelle, aucune préférence, aucune sympathie ou antipathie de s'y introduire. Et surtout, ne mélangez jamais vos mesquines rancunes personnelles au travail qui vous incombe. Dans tous les cas et d'une façon générale, moins on parle des autres, même si c'est pour les louer, le mieux cela vaut. On a déjà tant de peine à savoir exactement ce qui se passe en soi-même, |
silence that would give you time to reflect and, if necessary, hold back before you throw out your sensations and your feelings into words. How many quarrels can be avoided in this way! How many times would you be saved from one of those psychological catastrophes which are but too often the result of incontinence in speech. Even if you do not go to this extreme, you should always control the words you utter and must not let your tongue be moved by an outburst of anger, violence or temper. It is not merely the quarrel itself which is bad in its results, it is the fact that you lend your tongue for the projection of bad vibrations into the atmosphere, for nothing is more contagious than the vibration of sound. By giving those movements the opportunity to express themselves, you perpetuate them in you and in others. Among the most undesirable kinds of talkativeness should be included all that one says about others. Unless you are responsible for certain persons as guardian, teacher or departmental head, you have no concern at. all with what others do or do not do. You must refrain from talking about them, to give your opinion upon them or upon what they do or to repeat what others may think or say of them. It may be that the very nature of your occupation makes it your duty to report what is happening in a particular department or business undertaking or a common work. In that case, the report should be confined to the work alone and not to touch personal matters. It should be in every way wholly objective. You must not allow any personal reaction, preference, sympathy or antipathy to enter there. Particularly, never mix up your petty personal grudge into the work assigned to you. In any case and in a general way, the less one speaks of others, —even if it be in praise of them—the better it is. Already it is so difficult to know exactly what happens in oneself, how to know then with certainty what is happening in others. Refrain then from pronouncing upon any person one of those irrevocable judgments which can only be stupidity, if not malice. When thought is expressed in speech, the vibration of the sound has a considerable power to put the most material substance |
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comment savoir avec certitude ce qui se passe chez les autres? Abstenez-vous donc totalement de prononcer sur une personne un de ces jugements définitifs qui ne peuvent être qu'une sottise, si ce n'est une méchanceté. Quand la pensée est exprimée parla parole, là vibration du son a un pouvoir considérable pour mettre la substance la plus matérielle en contact avec cette pensée et pour lui donner ainsi une réalité concrète et effective. C'est pourquoi il ne faut jamais médire des gens et des choses, ni exprimer par la parole prononcée à haute voix, les choses qui dans le monde contredisent le progrès de la réalisation divine. C'est une règle générale absolue. Pourtant elle comporte une exception. Aucune critique ne doit être faite à moins qu'on n'ait en même temps le pouvoir conscient et la volonté active de dissoudre les mouvements ou les choses critiqués ou de les transformer. Ce pouvoir conscient et cette volonté agissante ont en effet la capacité d'infuser dans la matière la possibilité de réagir et de refuser la vibration mauvaise et finalement de la corriger au point qu'il lui devienne impossible de continuer à s'exprimer sur le plan matériel. Seul peut le faire sans risque et sans danger, celui qui se meut dans les régions gnostiques et qui possède dans ses facultés mentales, la lumière de l'esprit et la puissance de la vérité. Celui-là, l'ouvrier du Divin, est libre de toute préférence et de tout attachement; il a brisé en lui-même les limites de l'ego et il n'est plus qu'un instrument parfaitement pur et impersonnel de l'action supramentale sur la terre. Il y a aussi tous les mots prononcés pour exprimer les idées, les opinions, les résultats des réflexions ou des études. Ici nous nous trouvons dans un domaine intellectuel et nous pourrions penser que dans ce domaine les hommes sont plus raisonnables, plus pondérés et que la pratique d'une rigoureuse austérité y est moins indispensable. Il n'en est rien pourtant, car même ici, dans ce séjour des idées et de la connaissance, l'homme a introduit la violence de ses convictions, l'intolérance de son sectarisme, la passion de ses préférences. Ainsi il faudra, ici aussi, faire appel à l'austérité mentale et éviter soigneusement les échanges d'idées aboutissant aux controverses trop souvent |
into contact with the thought and thus give it a concrete and effective reality. That is why you must not speak ill of things or persons or speak out in words things that contradict the progress of the divine realisation. It is an absolute general rule. And yet it has an exception. You must criticise nothing unless you have at the same time a conscious power and an active will in you to dissolve or transform the movements or things you criticise. In fact this conscious power and this active will possess the capacity to infuse into matter the possibility to react and refuse the bad vibration and ultimately to correct the vibration so far as to prevent it from expressing itself on the physical plane. This can be done without danger or risk only by him who moves in the gnostic domain and possesses in his mental faculties the light of the spirit and the force of the truth. He, the divine worker, is free from all preference and attachment; he has broken down in himself the limits of the ego and he is nothing else than a perfectly pure and impersonal instrument for the supramental action upon earth. There are also all the words that are uttered to express ideas, opinions, results of reflection and study. Here we are in an intellectual domain and we might think that in this region men are more reasonable, balanced and the practice of strict austerity is less indispensable. It is nothing of the kind, however; for even here, into this abode of ideas and knowledge, men have introduced violence of conviction, sectarian intolerance, passion of preference. Here also there will be the same need to have recourse to mental austerity and to carefully avoid all exchange of ideas that leads very often to bitter and almost always inane controversy, avoid too all opposition of opinions which end in hot discussion and even dispute, arising from mind's narrowness, a thing that can be cured easily when one ascends high enough in the mental domain. Indeed sectarianism becomes impossible when one knows that formulated thought is only one way of saying something which escapes all expression. Every idea contains a little of the truth or an aspect of the truth. But there is no idea which is in itself absolutely true. This sense of the relativity of things is a powerful help to |
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acerbes et presque toujours oiseuses, ou bien les oppositions d'opinions qui se terminent par des discussions vives et même des disputes provenant toujours d'une étroitesse d'esprit facilement guérissable quand on s'élève assez haut dans le domaine mental. En effet le sectarisme devient impossible quand on sait que toute pensée formulée n'est qu'une façon de dire quelque chose qui échappe à toute expression. Chaque idée contient un peu de vérité ou un aspect de la vérité. Mais il n'est pas d'idée qui soit en elle-même absolument vraie. Ce sens de la relativité des choses est une aide puissante pour garder son équilibre et conserver une sereine pondération dans ses discours. J'ai entendu dire à un vieil occultiste qui possédait quelque sagesse: "Il n'y a pas de chose qui soit essentiellement mauvaise; il n'y a que des choses qui ne sont pas à leur place. Mettez chaque chose à sa vraie place et vous obtiendrez un monde harmonieux." Pourtant, au point de vue de l'action, la valeur d'une idée est en fonction de son pouvoir pragmatique. Ce pouvoir est, il est vrai, très différent suivant les individus auxquels il s'applique. Telle idée qui a un grand pouvoir de propulsion chez un individu, peut en manquer totalement chez un autre. Mais ce pouvoir lui-même est contagieux. Certaines idées sont capables de transformer le monde. Ce sont celles-là qui doivent être exprimées; elles sont les étoiles maîtresses du firmament de l'esprit, celles qui serviront de guides pour conduire la terre vers sa suprême réalisation. Enfin, nous avons toutes les paroles prononcées pour donner un enseignement. Cette catégorie s'étend du jardin d'enfants jusqu'aux cours universitaires, sans oublier toutes les productions humaines artistiques et littéraires qui veulent être distrayantes ou éducatives. Dans ce domaine, tout dépend de la valeur de la production et le sujet est trop vaste pour pouvoir être traité ici. C'est un fait que le souci éducatif est très en faveur actuellement et de louables efforts sont faits pour utiliser les nouvelles découvertes scientifiques en les mettant au service de l'éducation, Mais même en ceci une austérité s'impose à l'aspirant pour la vérité. |
maintain one's poise and preserve a serene balance in one's talk. I heard once an old occultist who had some knowledge of the thing saying, "There is nothing which is essentially bad: there are only things that are not in their place. Put each thing in its proper place, you will get a harmonious world". Yet, from the point of view of action, the value of an idea is in proportion to its pragmatic power. This power, it is true, varies differently according to the individual in whom it acts. A particular idea that has a great driving force in one individual fails totally in another. But the power itself is contagious. Certain ideas have the power to transform the world. It is these that ought to be expressed, they are the guiding stars in the firmament of the spirit, it is they that lead the earth toward her supreme realisation. Lastly, we have all the words that are spoken for the purpose of teaching. This class extends from the kindergarten right up to the university course, not omitting all the artistic and literary creations of mankind that mean to be either entertaining or instructive. In this region all depends upon the value of the work, and the subject is too vast to be treated here. It is a fact, however, that care for education is very much in vogue nowadays and praiseworthy attempts have been made to make use of the latest scientific discoveries and place them at the service of education. But even in this matter there is need of austerity for the aspirant of the truth. It is generally taken for granted that in the procedure of education a certain kind of light, entertaining, even frivolous creations should be admitted in order to reduce the strain of the effort, to give ease to the children, even to adults. From a certain point of view this is true, but unfortunately this recognition has served as an excuse for importing a whole class of things which are nothing less than the flowering of all that is vulgar, crude and low in human nature. The most ignoble instincts, the most depraved taste finds in this recognition a good excuse to display and establish themselves as inevitable necessities. It is not so. One can relax oneself and yet be not dissolute, one can be at ease and yet not vulgar, one can slacken oneself and yet not allow any of the grosser elements in one's nature to come up. But from the |
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Il est généralement admis dans le processus éducatif qu'un certain genre de productions plus légères, plus futiles, plus amusantes est nécessaire pour réduire la tension de l'effort et reposer les enfants et même les adultes. À un certain point de vue, cela est vrai; mais malheureusement cette admission a servi d'excuse pour légitimer toute une catégorie de choses qui ne sont rien d'autre que l'efflorescence de tout ce qui est vulgaire, grossier et bas dans la nature humaine; ses instincts les plus canailles, son goût le plus dépravé trouvent dans cette admission une bonne excuse pour s'étaler et s'imposer comme une nécessité inévitable. Il n'en est rien pourtant; on peut se délasser sans être crapuleux, se reposer sans être vulgaire, se détendre sans permettre à tout ce qui est grossier dans la nature de remonter à la surface. Mais du point de vue de l'austérité, ces besoins eux-mêmes changent de nature; le délassement se transforme en silence intérieur, le repos en contemplation, la détente en félicité. Ce besoin si généralement reconnu de distraction, de relâchement dans l'effort, d'oubli plus ou moins long et total du but de la vie, de la raison d'être de l'existence ne doit pas être considéré comme une chose tout à fait naturelle et indispensable, mais comme une faiblesse à laquelle on cède par manque d'intensité dans l'aspiration, par instabilité dans la volonté, par ignorance, inconscience, veulerie. Ne légitimez pas ces mouvements et vous vous apercevrez bientôt qu'ils ne sont pas nécessaires et même à un moment donne ils vous deviendront répugnants et inacceptables. Alors toute une partie et non la moindre de la production humaine soi-disant récréative, mais en vérité avilissante, perdra son support et cessera d'être encouragée. Il ne faudrait pas croire, cependant, que de la nature du sujet de conversation dépend la valeur des paroles prononcées. On peut bavarder sur les sujets spirituels autant que sur tout autre et ces bavardages-là sont peut-être parmi les plus dangereux. Par exemple, le néophyte est toujours très anxieux de faire partager aux autres le petit peu qu'il a appris. Mais à mesure qu'il avance sur la voie, il s'aperçoit de plus en plus qu'il ne sait pas grande chose et qu'avant de vouloir instruire les autres, il faut être bien sûr de la valeur de ce que l'on sait, jusqu'au jour où, devenu sage, il se rend |
point of view of austerity, these needs themselves change their nature: relaxation is transformed into an inner silence, ease into contemplation and slackening into felicity. This need, so generally recognised, of entertainment, relaxation of effort, a more or less long and total forgetfulness of life's goal, forgetfulness of the very reason of existence must not be considered quite natural and indispensable, but as a weakness to which one yields because of the lack of intensity in aspiration, the instability of will, because of ignorance, unconsciousness and listlessness. Do not justify these movements and soon you will perceive that they are not necessary and at some time they will even become to you repugnant and inadmissible. Then quite a large part of human creations, ostensibly recreative, but truly degrading will lose their support and encouragement. However, one must not believe that the value of the spoken word depends upon the nature of the subject of conversation. One can talk away on spiritual subjects as much as on any other: but this kind of talkativeness may be one among the most dangerous. The new sadhak, for example, is always eager, to share with others the little he has learnt. But as he advances on the path, he finds more and more that he does not know much and that before trying to instruct others, he must be sure of the value of his knowledge, until finally he becomes wise and realises that a good many hours of silent concentration are needed to be able to speak usefully for a few minutes. Besides, in the matter of inner life and spiritual effort, the use of speech should be put under a still more stringent rule: nothing should be spoken unless it is absolutely necessary to do so. It is a very well-known fact that one has never to speak of one's spiritual experiences, if one were not to see vanishing in a moment the energy accumulated in an experience which is meant to hasten one's progress. The only exception to the rule allowable is with regard to one's Guru, when one wants to get from him some explanation or instruction about the content and meaning of one's experience. Indeed, it is to the Guru alone that one can speak of these things without danger, for only the Guru, is able, in his knowledge, to turn to your good the elements |
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compte que de nombreuses heures de concentration silencieuses sont nécessaires pour pouvoir parler utilement pendant quelques minutes. D'ailleurs, dès qu'il est question de la vie intérieure et de l'effort spirituel, l'usage de la parole doit être soumis à une réglementation encore plus stricte et rien ne doit être dit à moins qu,il ne soit absolument indispensable de le dire. C'est un fait bien connu qu'il ne faut jamais parler de ses expériences spirituelles si l'on ne veut pas voir s'évanouir en un moment l'énergie accumulée dans l'expérience et qui devait servir à hâter les progrès. La seule exception qui puisse être faite à la règles est à l'égard de son gourou, si on veut obtenir de lui quelque éclaircissement ou quelque enseignement sur le contenu et la signification de son expérience. En effet, c'est seulement à son gourou qu'on peut parler de ces choses sans danger, car seul le gourou par sa connaissance est capable d'utiliser pour votre bien les éléments de l'expérience comme de marchepieds pour des ascensions nouvelles. Il est vrai que le gourou lui-même est soumis à la même règle de silence en ce qui le concerne personnellement. Dans la nature tout est en mouvement; ainsi ce qui n'avance pas recule nécessairement. Le gourou doit faire des progrès au même titre que ses disciples, quoique ces progrès puissent ne pas être sur le même plan. Et pour lui aussi, parler de ses expériences n'est pas favorable: la force dynamique de progrès contenue dans l'expérience s'évapore en grande partie dans les mots. Mais d'autre part en expliquant ses expériences à ses disciples, il aide puissamment à leur compréhension et par suite à leurs progrès. C'est à lui dans sa sagesse de savoir dans quelle mesure il peut et doit sacrifier l'un à l'autre. Il va de soi que dans son récit ne doit entrer aucune forfanterie, aucune gloriole; car la moindre vanité ferait de lui non plus un gourou mais un imposteur. Quant au disciple, je lui dirai: "Dans tous les cas, sois fidèle à ton gourou quel qu'il soit; il te mènera aussi loin que tu peux aller. Mais si tu as le bonheur d'avoir le Divin pour gourou, alors il n'y aura pas de limite à ta réalisation." Cependant, même le Divin, quand il s'incarne sur terre est soumis à la même loi de progrès. L'instrument de sa manifestation, l'être physique dont il s'est revêtu, doit être dans un constant état |
of your experience as steps towards new ascents. It is true also that the Guru himself is under the same rule of silence with regard to what concerns him personally. In Nature every thing is in movement and whatever does not move forward is bound to move backward. The Guru, even like his disciple, should also progress, although his progress may not be on the same plane. To him, too, to speak of his experiences is not helpful: the dynamic force contained in the experience, if it is put into words, evaporates in a large measure. On the other hand, by explaining to the disciples his experiences he powerfully helps their understanding and therefore their progress. It is for him in his wisdom to know to what extent he can and should sacrifice the one to the other. It goes without saying that no boasting or vain-glory should enter into his narration; for the least vanity would make of him not a Guru but an impostor. As for the disciple, I would tell him: "In any case, be faithful to your Guru whatever he may be, he will lead you as far as you are able to go. But if you have the good fortune to get the Divine as your Guru, there will be no limit to your realisation." Nevertheless, even the Divine when he incarnates upon earth is subject to the same law of progress. The instrument for his manifestation, the physical being which clothes him. should be in a state of constant progress and the law governing his personal self-expression is in a way linked with the general law of earth's progress. Thus even the embodied God cannot be perfect upon earth unless and until men are ready to understand and accept perfection. It will be the day when all will be done out of love for the Divine and not, as now, out of a sense of duty towards Him. Progress will be then a joy, instead of an effort, and so often, a struggle. Or, more exactly, progress will be through joy in the full adhesion of the whole being and not through coercing the resistance of the ego, which means a great effort and at times even a great suffering.. To conclude I would tell you this: if you want that your speech should express the truth and acquire the power of the Word, do not think beforehand of what you would say, do not decide what would be good or bad to say, do not calculate what |
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de progression et la loi de son expression personnelle est en quelque sorte liée à la loi générale du progrès terrestre. Ainsi même le dieu incarné ne pourra être parfait sur la terre que lorsque les hommes seront prêts à comprendre et à accepter la perfection. Ce sera le jour où pourra être fait par amour pour le Divin, ce qui se fait maintenant par devoir à son égard. Le progrès sera une joie, au lieu d'être un effort et souvent même une lutte. Ou plus exactement, le progrès se fera dans la joie avec la pleine adhésion de tout l'être, au lieu de se faire par coercition sur la résistance de l'ego, nécessitant un grand effort et parfois même une grande souffrance. Pour conclure, je vous dirai: Si vous voulez que votre parole exprime la vérité et qu'elle acquière ainsi le pouvoir du Verbe, ne pensez jamais à l'avance ce que vous voulez dire, ne décidez pas de ce qui est bon ou mauvais à dire, ne calculez pas quel sera l'effet de ce que vous allez dire. Soyez silencieux mentalement et gardez-vous sans vaciller dans l'attitude vraie, celle d'une aspiration constante vers la toute sagesse, la toute connaissance, la toute conscience. Alors, si votre aspiration est sincère, si elle n'est pas un voile pour votre ambition de bien faire et de réussir, si elle est pure, spontanée et intégrale, alors vous pourrez parler très simplement, vous pourrez prononcer les mots qui doivent être dits, ni plus ni moins, et ils auront un pouvoir créateur.
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would be the effect of what you are about to say. Be silent in your mind, keep steady in the true attitude, that of constant aspiration towards the All-Wisdom, the All-Knowledge and the All-Consciousness. Then, if your aspiration is sincere, if it is not a mere cover for your ambition to do things well and to be successful, if it is pure, spontaneous and integral, then you will speak simply, you will utter the words that should be uttered, neither more nor less and they will bear a creative power.
L'enfant ne se préoccupe pas de sa croissance. Il croît tout simplement.
The child does not worry about his growth, he simply grows. THE MOTHER
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THE Games season was once more spread out over two quarters. — This is because our swimming pool is not yet ready and so the aquatics season could not be introduced. There seems to be one thing or another that keeps delaying the construction of the pool but we hope to get it eventually. As usual, the Games season was made up almost wholly of tournaments. With the older groups, the same tournaments were held as last year, but with the younger groups there were some additions such as Tennis, Football etc. which they did not have before. These were enthusiastically received by the little ones. Having two quarters at our disposal we were able to have a number of league tournaments in Tennis, Football and Basketball. It has been noticed that while in some games the interest has slackened and the standard thereby depreciated, in others, the interest has become much more keen and the quality of performance improved accordingly. In Tennis, for example, the standard is steadily rising both with the older groups and with the younger ones. We had another interclub fixture in Tennis during this quarter. It was between ourselves and two other local clubs and it was arranged in the form of a tournament, both in singles and doubles. Opposition was much more keen than before but we won both events nevertheless. In singles, two of our players came to the finals. The quarter commenced with the anniversary of the opening of the Sri Aurobindo International University Centre. The children arranged a little function in the gardens of the University Centre where they read out a prayer to the Mother. This began' with the University prayer and was followed by one which they had themselves composed. The Mother then replied to them |
LA saison des jeux a été une fois de plus étalée sur deux trimestres. La raison en est que la piscine n'est pas encore prête et que la saison de natation n'a donc pas encore pu être introduite. La construction de la piscine est toujours retardée par une chose ou par l'autre, mais nous espérons en venir à bout. Comme d'habitude, la saison des jeux consista presque exclusivement en tournois. Pour les groupes plus âgés, les tournois furent les mêmes que l'année dernière; mais pour les plus jeunes il y en eut qu'ils n'avaient pas encore abordés comme le Tennis, le Football, etc. Les petits s'y adonnèrent avec enthousiasme. Ayant deux trimestres à notre disposition, nous pûmes adopter la formule des championnats tournants en Tennis, Football et Basketball. Si dans certains jeux l'intérêt semble avoir diminué, avec un affaiblissement parallèle des performances, par contre cet intérêt s'est montré beaucoup plus vif dans d'autres jeux, et la qualité s'y est améliorée en conséquence. En Tennis par exemple, le niveau s'élève aussi bien pour les groupes âgés que pour les jeunes. Nous eûmes ce trimestre une nouvelle rencontre interclub, où nous étions engagés avec deux autres clubs locaux suivant une formule éliminatoire en simples et en doubles. Nous eûmes affaire à plus forte partie que la dernière fois mais nous gagnâmes cependant dans les deux catégories. En simple la finale fut disputée par deux de nos joueurs. Le trimestre commença avec l'anniversaire du Centre Inter national Sri Aurobindo. Les enfants avaient organisé une petite 1 cérémonie dans le jardin du Centre Universitaire où ils lurent une prière à la Mère, en commençant par la prière de l'Université et en continuant par une deuxième qu'ils avaient composée eux-mêmes. La Mère leur répondit par un message de promesse et |
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with a message of promise and assurance of future success. We have already published pictures of this in our last issue. We had a pleasant interlude in our Games season with the visit of the Athletics Teams of the Gujarat University and the Vishva Bharati. They were returning from the inter-university competitions at Madras and we arranged a triangular athletics contest on our own grounds. It was a two evening programme and full of interest. Our boys were in fine fettle and we won the honours of the day. Many existing J.S.A.S.A. records were broken. We publish some pictures of the athletes in action in this issue. This quarter we inaugurated the new section of Fencing. We have received full fencing equipment both for foils and rapiers and we have a very good coach in one of our members. A number of boys and girls from all groups have joined this section and they are making very satisfactory progress. We shall be able to hold a fencing competition in the next combative season. On the 21st. February, the Mother's birthday, we had an interesting programme of entertainment in singing, dancing and recitations. There was also a two day exhibition on 'Evolution' consisting of paintings done by the Ashram children. It was a very instructive and promising exhibition and a brief explanation of its general arrangement is given here below. The paintings were arranged in two groups; one showing the? main line of evolution and the other some of the side lines. The main line commenced with elementary matter in its gaseous and nebulous state and passing through various stages of development and organisation of matter, life and mind ended in the present evolutionary being, in its most perfected form. On the other hand, a definite but subtle form symbolised the involutionary force which, in every age, was present on earth to help the evolutionary force in its ascension through various stages of progress towards the manifestation of the supramental being. The fusion of these two movements was expressed by an illuminated portrait of Sri Aurobindo himself, exquisitely carved on a mother-of-pearl shell by a consummate artist. It was a wonderfully living picture with every shade and tone conveyed |
d'assurance de succès. Nous avons publié des photographies dans notre dernier numéro. Nous eûmes un intermède agréable avec la visite des équipes d'athlétisme de l'Université du Gujerat et de Vishva Bharati. Ces équipes rentraient des championnats inter-universitaires qui avaient eu lieu à Madras, et une rencontre triangulaire fut organisée sur notre terrain. Le programme occupa deux soirées et fut plein d'intérêt; nos jeunes gens étaient en forme et nous en récoltâmes les honneurs. Plusieurs des records J. S. A. S. A. furent battus. On trouvera quelques photographies dans ce bulletin. Nous avons inauguré ce trimestre notre section d'escrime. Nous avons reçu un équipement complet pour le fleuret et pour l'épée, et nous avons parmi nous un bon instructeur. Un certain nombre de jeunes gens et jeunes filles des différents groupes s'y sont mis avec entrain et progressent de façon satisfaisante. Nous pourrons avoir un championnat d'escrime à la prochaine saison des sports de combat. Le 21 février, anniversaire de la Mère, nous eûmes un intéressant programme de chant, de danse et de récitation. Une exposition de deux jours fut ouverte sur le thème de "l'Évolution", avec des dessins faits par les enfants de l'Ashram. Elle fut instructive et prometteuse, et nous disons ci-dessous quelques mots •de la façon dont elle était conçue. Les dessins étaient arrangés en deux groupes; l'un montrait la ligne générale de l'évolution, l'autre les lignes secondaires. La ligne générale commençait avec la matière élémentaire dans son état gaseux et nébuleux, pour passer par les différents degrés de développement et d'organisation de la matière, de la vie et du ' mental, et aboutir à l'être évolutif actuel dans sa forme la plus ; parfaite. D'autre part une forme subtile et imprécise symbolisait la force d'involution qui, à toutes les époques, fut présente sur la terre pour aider la force d'évolution à gravir les étapes du progrès vers la manifestation de l'être supramental. La fusion des deux mouvements était exprimée par un portrait illuminé de Sri Aurobindo lui-même, admirablement ciselé dans une coquille de nacre par un artiste accompli. Ce portrait était remarquablement vivant, chaque ton et chaque nuance étant rendu en transparence |
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by the natural colouring of the shell itself. Under the portrait were the following words also illuminated.
"The Supramental is a truth and its advent is in the very nature of things inevitable."
The side lines of evolution showed, on the one hand, insects, pests and other noxious creatures and on the other hand, birds, flowers and other beautiful objects. Though this exhibition was rather elementary and incomplete in its execution and presentation, it aroused a great deal of interest and has encouraged the children and the organisers to try for a more. thorough expression of the same theme at some future date. |
par la coloration naturelle de la nacre. Sous le portrait on lisait, également illuminés, les mots suivants:
"Le Supramental est une vérité, et son avènement est de la nature même des choses inévitables".
Les lignes secondaires de l'évolution montraient d'un côté les insectes, la vermine et autres créatures nuisibles, et de l'autre les oiseaux, les fleurs, et autres belles choses. Bien que cette exposition ait été forcément élémentaire et incomplète, en exécution et en présentation, elle éveilla un grand intérêt et elle a encouragé à la fois les enfants et les organisateurs à essayer d'exprimer plus complètement le même thème lune autre fois. |
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Le défilé vu du toit
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Væux de fète
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Exposition sur l'évolution
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Le symbole de Sri Aurobindo |
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Exercice de gymnastique suédoise
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Le symbole vivant
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Les oiseaux humains
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Le gymnase
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Tournoi de tennis au Cercle de Pondichéry
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Le rêve d'un joueur de basket-ball
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Une fée dans le jardin
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Pose deballerine
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Le jardin du centre universitaire
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Le goûter
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La soupe de 10 heures
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Les affiches au Centre Universitaire
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La bibliothèque du Centre Universitaire
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La salle des professeurs
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La leçon de botanique |
La leçon de géographie |
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La leçon de dessin le jardin
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Future artidte
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Une bonne élève